On ne fait plus la guerre depuis longtemps sur l'île de B....Il semble que la barrière volcanique quasi infranchissable qui coupe l'île en deux ait facilité la paix. Pourtant les armes existent. C'est une caractéristique des "nobles" d'en porter, mais leur fonction est plus symbolique que réelle.

L'arme est le symbole de la mort qu'on sait donner, de l'acte irréparable qui peut avoir lieu, l'expression d'un pouvoir contenu. La violence n'est pas niée, elle reste une nécessité de la vie sociale, l'ultime moyen de garantir les échanges pacifiques ou de pallier l'insuffisance des mots. L'ultime moyen de maintenir la cohésion des groupes, de maintenir des équilibres essentiels entre les désirs individuels et le bien-être collectif.

La fragilité des armes met en relief la force morale plus que la force matérielle. Si le combat doit avoir lieu, l'arme principale reste le guerrier lui-même. La lance est de bois recouvert de fibres, terminée par un fer véritable, assez long, de section triangulaire et cannelé sur le côté. Maniée à toute vitesse, jamais lancée, elle provoque de redoutables hémorragies internes.