Qui veut du bien aux pauvres? On les craint, c'est tout. Je me méfie des âmes d'élite qui s'en occupent, car il n'y a pas très loin de la compassion au sadisme. Il n'est pas facile d'être l'égal d'un pauvre, c'est à dire de se débarrasser de ses biens et de le suivre dans ses mésaventures. D'ailleurs je n'ai jamais connu de pauvres suivis par des riches qui avaient tout donné... Quelques bergères ont-elles fait les frais de la charité des princes? Il n'est pas interdit d'avoir seize ans à la campagne et de faire du cinéma après avoir été miss Berry... Les pauvres sont très au fait de la nature humaine, et leurs désirs mimétiques ne sont pas différents de ceux de leurs supérieurs, sauf que s'en prendre au GPS du voisin ce n'est pas convoiter un gisement de pétrole... Il serait temps qu'on apprécie les pauvres pour ce qu'ils sont : ce sont nos égaux, c'est à dire pas grand chose... Et qu'on les laisse faire ce qu'ils savent le mieux : se foutre du monde. Je m'explique pour être bien compris. Les puissants de la terre s'imaginent que les pauvres veulent prendre le pouvoir et faire la loi. C'est une grave erreur, les pauvres ne s'intéressent aux puissants que pour les voir tomber... Ils connaissent assez le poids du monde et n'ont aucune envie de le porter sur leurs épaules, comme certain bouc-émissaire portant sa croix. Par exemple, ils ont voté pour SarKhozy en attendant de le voir chuter comme Icare avec des ailes dans le dos. La seule chose qu'on puisse leur souhaiter c'est donc que les huissiers souffrent d'une maladie honteuse qui les oblige à écarter les jambes et que les inscrits à l'ISF soient obligés de bouffer des frites et du poulet de batterie deux fois par jour...