VOEUX POUR LA JEUNESSE .... | ||
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Ducruet.©.
1996-2007 |
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Quand les feuilles voient arriver l'automne, elles n'ont pas besoin qu'on leur fasse un dessin : leur compte est bon. Les plus vieilles ont résisté aux coups de grêle, aux orages et aux chenilles. Elles savent comment ça se passe. On n'a plus la force de se cramponner à sa branche, on casse sa tige et c'est la descente en tournoyant, poussée par le vent, la chute dans une flaque d'eau ou sur un chemin, la surprise de se voir jaunie et friable. Une bête leur marche dessus ou un ramasseur de champignons les écrase dans la boue... elles deviennent aveugles, ne sentent plus rien, ni chaud ni froid, noircissent dans l'humus, invisibles et désagrégées. Les jeunes pousses attendent le printemps, prennent les places vides, cherchent le soleil, forcent aux nervures et se gorgent de sève. Quelques anciennes feuilles sont encore là qui marmonnent des choses incompréhensibles dans le vent, ont des formes ridicules et s'en vont au premier courant d'air... Que pourraient-elles dire? Que jusqu'au 21 juin les jours ne cesseront pas de grandir, qu'il y aura de plus en plus de monde sous les arbres et d'oiseaux dans le ciel. Il fera doux et les branches bruisseront de mille conversations dans les ombrages. Le monde s'habillera d'un manteau de lumière et de fleurs. Entre les feuilles tendres gonfleront des fruits et tournoieront de nouveaux parfums. Il y aura de l'oxygène et de la sérénité dans l'air. Les chairs diront que tout est luxe, calme et volupté, on ne verra plus le temps passer dans le défilé des amours et des ciels clairs. Telle doit être la jeunesse, comme les belles saisons... Qu'elle se promène au Soleil puis rêve sous la Lune et les étoiles proches... Que pas une rosée ne lui échappe et qu'elle se débrouille jusqu'à l'été de la Saint Martin, ni moins folle ni plus sage que les neiges d'antan et les feuilles mortes... |
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