LE BONHEUR A PORTEE DE LA MAIN ...
 
venetian man, le masque du bonheur. photo michel ducruet ............le bonheur à portée de la main, jeux d'intérieur. photo michel ducruet
Ducruet.©. 1996-2007
 
 

Saviez-vous que les jeux du Cirque finirent à Rome sous les coups des Barbares et que suivirent dix siècles d'ignorance et de marmites en bois près des églises de campagne? Là où subsistèrent quelques trognons de villes on garda des arènes et le vague souvenir d'une force perdue qui laissait des traces écrites dans la pierre. On sentait comme des remontées de fantômes et sur les gradins des théâtres en ruine, des lambeaux d'Empire prenaient le soleil indifférents aux corneilles... Par un de ces miracles dont Allah et Jésus n'eurent jamais le secret, Le Jour et la Nuit bataillèrent encore où vécurent les gladiateurs et périrent tant de bêtes et quelques chrétiens... Dans l'ovale des arènes les taureaux noirs et les hommes en habit de lumière jouaient à la vie et à la mort juste séparés par une cape aux couleurs de Jupiter Très Bon et Très Grand... La Bête née pour le combat unique, droit sortie des marais et des landes, dressée par sa mère aux témérités ... L'Homme serré dans le satin, vêtu pour la fosse ou la gloire, porte la pourpre impériale... c'est à dire les règles de la mort donnée et de la mort reçue... Il n'y a d'issue pour la bête que de mourir fermement et pour l'homme que de vaincre l'anarchie des sabots et des cornes... Quelques démocrates faiseurs d'anges voudraient en finir avec ces violences et ne laisser aux arènes que des choeurs de vieillards et des troupeaux de chèvres ... Sénèque en parlant de la foudre disait qu'il suffisait de ne pas la craindre et dans les cirques de la Ville Eternelle on enseigna mille ans les postures décentes de la mort... Cette façon de vouloir la paix n'est plus au goût du jour et les amis de la Liberté n'ont plus tout à fait le sens du combat... Ils s'accommodent de leurs femmes dévêtues et botoxées, de leurs enfants livrés aux commerces, ils mangent les steaks hâchés du Veau d'or... Ces excès ne sont pas ceux de l'amour... Les méchancetés du Destin frappent à nos portes et déjà les plus avisés craignent que nos coups de soleil nous mettent en cloques... Quelles besognes misérables et quelles bandes nous désespèrent les forêts et les mers? Quels tordus s'incommodent du sang des arènes et s'imaginent qu'en douceur et en extase ils seront centenaires dans nos bétons? Jamais on ne fut plus redoutable à la vie qu'au siècle de la shoah et de la technique... plus ignorant de toutes les dignités qu'au temps des caddies et des sacs en plastiques... plus immonde qu'aux paradis des obèses et des ferrailles roulantes... plus lâche que dans les écoles de la réussite ... plus mortel que sur les écrans ... plus toxique que dans les seringues ... Si vous aviez encore trois grammes d'honneur vous souhaiteriez chaque jour de mourir comme un taureau ou un matador, les pieds sur terre et la fureur au soleil...

 
 
 
 
 
 
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