FAMILLE ... FAMILLES (3)... | ||
Les générations se suivent, heureux évènements en cascades qui ont eu lieu 130 fois depuis la naissance d'Adam et 130 000 fois depuis la naissance de l'homme... Les optimistes nous en promettent autant et les gens sérieux se demandent de quoi demain sera fait... Nous sommes moins vieux que les tortues et moins rapides que les lièvres. Mais nous tenons nos carcasses de nos pères et mères qui avaient sucé le lait de nos grand-mères et craint de marcher sur les pieds de nos grand-pères... Les miens s'étaient sortis d'affaire sans antibiotiques ... Un peu plus en arrière on trouve des floppées d'ancêtres qui vous ont mitonné vos yeux verts, un certain tour de hanches, votre mâchoire et ce nez depuis trois cents ans... Jusqu'à votre sueur qui diffère de celle des roux, des germains et des ethnies de passage. Votre peau s'arrange avec le soleil comme celle de votre père et vos mollets sont faits comme les siens... Vous n'en finissez pas de constater qu votre mère vous mentait par amour : vous n'êtes ni plus fort, ni plus beau, ni mieux charpenté que ceux de votre lignée... Vous n'êtes que des leurs et d'ailleurs vous avez aperçu que votre progéniture a votre air de famille... |
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Ducruet.©.1993. "Le Voyage dans l'île de B..." | ||
Pour
en savoir davantage, donc aller jusqu'à la cervelle, il faut une
machine à remonter le temps. Le progrès nous déguise
et nous avons l'air trop civilisés pour être honnêtes.
Il reste du loup dans le caniche social. Les hordes sont devenues des
nations et des états. Les bricoleurs sont devenus des multinationales.
Les pillards ont cédé la place aux têtes couronnées
et les rois dès qu'ils sont devenus sages, ont perdu le pouvoir
au profit de quelques entités mystérieuses que les imbéciles
appellent la volonté générale... Les familles furent
de petites principautés, les pères des tyrans protecteurs
qui, devenant philosophes et débonnaires, durent un beau jour s'agenouiller
devant de grands princes qui avaient trouvé moyen de lever des
armées avec l'argent des fils, car dans la capture des richesses
et le partage des femmes, l'homme a l'imagination fertile et le sens de
la politique... Avez-vous remarqué que plus on parle d'égalité,
plus on accable les gens de polices et de caméras ?.... Il est
constant que l'extermination de la différence mène à
des crimes parfaits ... Que lorsque chacun désarme, il donne à
la collectivité la force d'abattre des foules... Le désarmement
des familles est une opération de la politique des masses c'est
à dire du pouvoir tournoyant sur lui-même en quête
de surpuissance... La morale n'a rien à voir là-dedans,
quelque chose de l'homme le fatigue jusqu'à plus soif, l'ennui
de porter le monde sur ses épaules... Pour ce motif, il préfère
marcher à quatre pattes, signer de temps en temps une pétition,
confier à des inconnus le droit de dire ce qu'il pense et celui
de défendre ses gènes... |
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Ducruet.©.1993. "Le Voyage dans l'île de B..." | ||
La mémoire fut longtemps une affaire de famille, puisqu'on devenait humain sans école, qu'on ne mettait les pieds que dans les traces de ses cousins ou de ses frères... Les contes passés d'âge en âge disaient l'essentiel à qui voulait l'entendre : quelles sont les deux ou trois aventures de la vie, à savoir l'enfance , l'amour et la mort qui n'épargnent personne et réclament un peu d'adresse pour faire la différence entre le pire et le meilleur... Malheur donc aux étourdis, aux envieux et aux naïfs... On y apprenait qu'il ne suffit pas d'être sage pour être intelligent qu'il faut savoir s'en aller quand les cloches sonnent et que bêcher son jardin vaut tout l'or du monde. Mais la mémoire nous tombe des mains quand la loi s'en occupe de près : elle n'oublie que sur ordre et se rappelle de force. Les contes de fées nous reviennent estampillés de brevets et paient la TVA. |
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Ducruet.©.1993. "Le Voyage dans l'île de B..." | ||
Quand vous aurez retrouvé les êtres perdus de vos vies antérieures, que vos racines reviendront en surface, que votre peau laissera passer de votre âme et montrera si vous êtes de bonne ou de mauvaise souche, vous aurez peut-être une chance d'apparaître singulier, d'échapper aux contrôles, aux polices, aux armées, aux bandes, troupeaux, gangs et collectivités du Pouvoir, pour le plus grand bonheur d'être seul avec vos complices, lié seulement par le partage et la fatalité, ayant choisi de mourir là où vous décidez de laver votre linge, de boucler la boucle générationnelle et de ne pas couper les cheveux en quatre... | ||
Ducruet.©.1993. "Le Voyage dans l'île de B..." | ||