.............................."Le Nain jaune est au bord de la crise de nerf... " Maximilien se tenait près de la fenêtre, regardait dans le vague et se penchait un peu sur le côté. Les types du cabinet ne disaient plus rien depuis deux jours. De toutes façons ces gamins de l'E.N.A. n'étaient pas du genre à renifler sur un stade et serraient les fesses dès qu'on sortait de l'ouest parisien. C'était mardi. Demain le Président pousserait son coup de gueule: " Je veux tout savoir sur ces conneries, on se voit jeudi matin à neuf heures... " "Bôzes, ils ont grillé trente mille bagnoles depuis janvier... Un psy que j'ai rencontré chez Michelet m'a dit qu'avec un peu de chance on se tapera le Rwanda autour du stade de France... "

.............................. Bôzes suivait des yeux une mouche engourdie par l'automne. Après une série de huit au dessus du grand guéridon elle atterrit sur le Philippe de Champaigne et commença une toilette dans l'oeil droit de Saint Joseph. Au fond cette histoire de banlieue ne l'intéressait pas. Il n'admettait pas qu'on ait laissé pourrir pendant quarante ans... Il connaissait les arabes, sentimentaux comme des jeunes filles, moins les africains...... " Maximilien, ce n'est pas un malheur... c'est la fin des illusions... Notre démocratie est au bout du rouleau, nos paysans sont morts, nos ouvriers sont flexibles, nos bourgeois sont des fils de putes et nos fils de putes se prennent pour des enfants du Bon Dieu... Alors vous savez, les immigrés ne feront jamais assez de barouf... Pour le moment ce sont les dealers qui arrondissent leur territoire, les trafiquants de nationalité et donc de filles à marier qui installent un paravent, les islamistes qui se font oublier... Quand on tire sur des flics au fusil de chasse c'est pour qu'ils comprennent qu'on a des doum doum... C'est le début de la négociation merdique: on sauve les apparences si vous nous laissez faire nos affaires... vous voyez, Maximilien, c'est la Corse multipliée par dix et cette fois elle s'installe à dix bornes du ministère... Le Nain Jaune les a serrés de trop près... Au fait, vous êtes-vous demandé pourquoi les beurettes réussissent à l'école alors que les grands frères traînent sur les trottoirs... Dites-moi quel extra lucide a interdit d'acheter de l'essence en bidon? Max, quand on a une BM en banlieue et qu'on ne paie pas d'impôts, on envoie des gamins siphonner les parkings... Ca ne fait pas de bruit et c'est meilleur marché..." Bôzes s'aperçut que la mouche traînait encore sur les lèvres du saint. Il se leva, chassa de la main, la vit avec plaisir prendre la direction de la fenêtre. " Maximilien, l'intégration ne fait que commencer... vous allez avoir en plus tous les ratés de l'éducation nationale... si vous faites dans les trente ans l'économie d'un massacre, c'est que la République a une veine de cocu..." _ Maximilien ne savait quoi répondre, il connaissait trop bien les rapports des Douanes et des Renseignements Généraux... Il se rappela sa dernière entrevue chez le Sphynx, il parlaient littérature comme chaque fois qu'il fallait parler pour ne rien dire... Soudain l'autre se dressa malgré la douleur et lui dit les yeux dans les yeux:" Ecoutez Maximilien, dans trois mois je serai mort, si c'était à refaire j'irais à Londres en 40... Le vieux avait raison, la France n'est gouvernable que sous hypnose..."

Il se tourna vers Bôzes :" Je vous emmène à Rambouillet Vendredi prochain, l'ambassadeur de Corée voudrait faire votre connaissance... On tire les bécasses... Ne vous en faites pas pour la République, Il n'y a pas plus cocu que le Président, d'ailleurs je suis sûr qu'il pense comme vous."