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Les vieilles images mettaient de l'ordre... Une photographie ancienne prenait du temps et de la cervelle : distance, temps de pose, profondeur de champ, diaphragme, avancée du film, armement de l'obturateur... Les familles se rangeaient, les mariés regardaient devant eux... Il fallait choisir son coin de paysage, trouver l'angle, poser l'oeil du maître sur les détails.... Les incidents de parcours étaient innombrables et la photographie une petite acrobatie... Les notaires et les médecins avaient d'excellents appareils mais leurs Leica, Voïglanders, Foca ne servaient qu'à 50 vues tous les deux ans... Les reporters, quelques excentriques et membres de clubs étaient à peu près seuls à "bouffer" de la pellicule... Jusque dans les années soixante on avait ses images dans ses souvenirs et quelques reproductions de peintures, gravures, chromos, quelques couvertures de magazines... La Mode carburait encore au dessin, la publicité recrutait aux Arts Décoratifs... Le Cinéma naissait en studio avec de lourdes machines à la remorque des chefs-d'oeuvre d'avant-guerre et des modèles efficaces de la propagande... Les "actualités" commentées par des hystériques, montées au pas de charge, ne rivalisaient qu'à peine avec les bulletins de paroisses ou les canards militants... La Raison prenait les directions des usines ou des salons de l'Auto. On décolonisait pour se défaire des populations conduites au surnombre par l'aspirine et les antibiotiques, réveillées par l'école... Sous les drapeaux rouges on prenait quelques ivresses , mais l'Ouest tournait les têtes à force de multiplier les salaires et de baigner les cervelles dans la consommation... Que reste-t-il des amours anciennes, des neiges d'antan, des robes à fleur et des distances considérables ? Ce n'étaient que des rêves ... L es sourires des photos anciennes sont devenus des énigmes... L'air du neuf retient l'effet de serre... La vie dégage dans les centres commerciaux. Tout est à refaire.
