LES IMAGES, ORDRE ET DESORDRE .... | ||
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2010.©.Ducruet..
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Le vieux poète m'a dit : " C'est foutu, plus de littérature, des images ... " Quelque chose est mort du côté de la langue française. La monarchie "absolue", comprendre "parfaite" et non "sans limites", s'est prolongée via les Jésuites puis les hussards de Jules Ferry, dans les grammaires, les lexiques et dictionnaires jusqu'au tournant des années 70-80. Il fallait de longues années pour tenir sa langue, quelques punitions pour ne pas l'oublier. Le dernier des cancres connaissait au moins la musique des fables. Ce patrimoine partit en fumée quand il fut interdit d'interdire et surtout quand l'institution scolaire prit des allures de service public... L'homme qui portait une rose sur la tombe de Jaurès ne croyait plus à la civilisation française ; il confia aux demi-cons le pouvoir d'organiser l'éducation des masses, c'est à dire d'enseigner au peuple l'art de se débrouiller seul et de mépriser les vieilles rigueurs du langage... "Moi, je pense personnellement que...." Tel fut le sésame des nouvelles vérités, saucées de quelques "devoirs de mémoire" et autres obligations peu contraignantes... Talleyrand qui avait vu tomber des rois , un empereur, des républiques et qui avait sauvé la France du ridicule en 1815, aurait dit que partout où il y a de l'eau, il n'y a pas toujours des grenouilles, mais que partout où il y a des grenouilles il y a de l'eau.... Qu'en effet la barbarie est toujours à deux pas sur le pavé des bonnes intentions. Donc on a dés-appris la littérature quelque part. La découverte des styles s'est muée en apprentissages des plats cuisinés, le bon coeur des messieurs-dames s'est exprimé en images et téléthons. La technologie ne risque pas de lâcher le morceau. Jadis l'imprimerie tua la mémoire, la poésie chantée, l'écriture dictée, le calcul mental.... L'écran tue le papier, la video change la lecture, le temps, la fatigue, le silence, le territoire, la relation... Il faut trouver des voies de garage pour les arts anciens, se mettre au centre de gravité d'une humanité mobile, rapide et zappeuse... Le nouveau monstre est en pleine forme et plein aux as. Les vieux poètes ont une petite chance du côté des enseignantes, mais ne doivent rien attendre des stars... Ce n'est pas la vérité qui s'en va, ce sont les outils de la séduction qui changent de main, comme jadis fut châtré puis moine Pierre Abélard à Saint-Denis... |
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2010.©.Ducruet.
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