Les
Signes de la Catastrophe. |
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................................................. Les catastrophes sont des retours en arrière soudains et mortels. Les explosions, les incendies, les naufrages, les massacres, les défaites, les tremblements de terre repoussent les hommes ou ce qu'il en reste à la case départ... Il y en a d'imprévisibles, d'autres non. Que faire? Les prêtres des anciennes religions grillent des viandes pour connaître les volontés du ciel. Les chamans avalent des champignons , s'étourdissent, ouvrent les yeux sur les esprits. Les astrologues regardent en l'air, comparent les positions des planètes aux mouvements des peuples. Les savants calculent. Les experts font des rapports. Les sages ne se pressent pas. Les pauvres se résignent et les riches font des provisions. Mais il arrive que la vie soit vache, que les charlatans n'aient plus un seul tour dans leur sac. C'est l'heure de la stupéfaction. Quand la cloche sonne, les yeux perlent d'angoisse. A Pompeï les sadiques de l'amphithéâtre hurlent, agonisent, cloquent et claquent dans la cendre, un gladiateur silencieux tombe net. .................................................On dirait aujourd'hui sur les visages qu'une maladie s'installe. Les gens d'esprit parlent à peine. Les camelots pullulent. Les fronts rident, les regards sèchent... Les apparences deviennent essentielles...Voyons un peu... |
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.................................................Cette
maladie commence par des pertes de mémoire. Les malades ne savent
plus dire de quel peuple ni de quel pays ils sont originaires. Derrière
eux tout est confus, ils mélangent les siècles, en font
une bouillie d'images où Vercingétorix chevauche avec Cristophe
Colomb sur la route 66 entre Constantinople et Byzance. Ils passent de
longues heures sur des canapés. Ils perdent l'imagination. Ils
perdent aussi la vision du relief. Puis une espèce de bien-être
les envahit quand ils évitent les autres. Les mots, les idées,
les phrases qui les fatiguaient, se font de plus en plus légers
et rares. Il n'en reste que quatre ou cinq pour régler de petites
affaires, gronder un chat, coucher avec la voisine. En phase ultime la
cervelle flotte sur des images interminables et irréversibles.
Il n'y a plus de place dans la tête pour prendre du recul. Les instantanés
s' accumulent, entrent et disparaissent en flux tendu, spectacle inépuisable,
énergivore. Ils meurent sans conscience ni douleur, leur corps
depuis longtemps les a quitté. A la dernière seconde, ils
ouvrent l'oeil en grand, le gosier en l'air... crispés sur la télécommande.
Stand by. |
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Dessins
N° 490,491,493,501,505 séries "après la catastrophe".
Ducruet.2000. |
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