LE TOUR DU MONDE ...
 
 
sculpture africaine. Bois. photo michel ducruet
Ducruet. ©.2009.Africa.
 
 

Qui veut vivre ? Qui veut mourir ? Qui veut du fric ? Toujours la question qui consiste à se demander comment sortir de la taule qui nous tient lieu de carcasse , de source de plaisir et de forces. Certains lecteurs de la Bible ont imaginé qu'en multipliant les échanges et tournant un peu plus vite autour de la terre nous trouverions des points communs à tout le monde et que dans ce monde sans différences une Loi divine rendrait la vie supportable entre la capitale des religions et les antipodes. Mais entre piraterie et commerce, ni les Grecs, ni les Bédouins, ni les Hébreux, ni personne n'ont trop fait de distinction. Les esclaves de tous les temps vous le diraient, les voyages forment la jeunesse... Jules César, parti pour étudier l'éloquence à Rhodes, fut pris par des commerçants aux doigts crochus et relâché contre rançon.

Les remue-ménages ne dérangeaient pas les oiseaux au temps des navires à voile et la cruauté des hommes n'était cruelle qu'aux hommes, à peine plus inquiétante que la peste et le choléra, plus supportable que les intempéries suivies par les famines. Dans un monde où l'espérance de vie fut trentenaire, les malheurs s'évanouissaient très vite dans la distance et chacun dans son trou, mettait des chances de son côté en faisant des statues de pierre ou de bois. Les humbles s'environnaient de génies protecteurs et les infections du pied faisaient lever les yeux au ciel. Or notre fourmillère a pris du volume. Nous sommes déjà 7 milliards, nous serons 10 dans vingt cinq ans, guère plus instruits de nous-mêmes qu'à l'époque de César où 250 millions de cervelles suffisaient à sept merveilles du monde. Nos vieilles habitudes ne nous ont pas quittés. La moitié de nos commerces sont des affaires de drogues, d'armes, de culs et de trafic d'esclaves (main d'oeuvre...). Une ceinture de "Paradis financiers" facilite les échanges et les placements sûrs. L'autre moitié de notre avidité passe dans la bouffe truquée, la musique d'ascenseur, les mécaniques ronflantes, les strings de luxe et tous vêtements inutiles que les stylistes posent sur des filles déhanchées qui aiment le chocolat... Nos désirs font la course nuit et jour et les hommes considérables conduisent des autos considérables qui consomment considérablement sous les fesses de quelques stars de la chute de reins.

Des toutous, chevaux et morpions profitent en fin de course de cette hyper-désirade. Des bambins de pays à problèmes sont adoptés par des chanteurs de pays sans problèmes. Pendant que disparaisent les poissons, les pachydermes, les oiseaux, toutes sortes de bêtes innocentes ou venimeuses, les primates civilisés passent à la vitesse supérieure du Bonheur. Au lieu de sauter d'une branche à une autre, ces singes montent dans des avions jusqu'à 13000 mètres pour dire bonjour à leur belle-mère ou serrer des mains dans des hôtels de luxe. Déodorisés, liftés, lestés de cartes à puce et bientôt bourrés de puces ils tournent autour des piscines et des parasols, y prennent les poses des dieux antiques, bronzent leurs plis au ventre et lisent des magazines à secrets. Comme ils sont tous très intelligents, ils se disent que tout cela ne peut durer, que nous allons dans le mur et qu'après avoir sucé toutes les arrêtes de tous les poissons, nous risquons de passer à des formes savantes de cannibalisme, sur fond de dépopulation rapide, torture générationnelle, retour à la casse des cailloux et partage des femelles... Mais rien ne résiste à l'optimisme du Grand Marché, au credo de la " Main Invisible ", à la croyance Biblique au Progrès ... Car dans la fourmillère, les fourmis ne rencontrent que des fourmis et ne se racontent que des histoires de fourmis... Elle se foutent éperduement des cigales, des poètes et des vents agréables. Celles qui s'éloignent ont du mal à retrouver leur chemin, perdent la boule et finisent par se recroqueviller sur une feuille morte, quelques unes tournent en rond jusqu'à la fin sur le visage de pierre d'une statue d'un autre âge...

Les pessimistes croient que tout est foutu puisque dans l'air du temps nous fourguons tant de méthane, de CO2 et de poisons que les glaces fondues libéreront toute la pourriture accumulée depuis des millions d'années, que l'eau des mers sera défavorable aux planctons, que les forêts vierges violées à qui mieux mieux deviendront des tas de bois sec ... Ils ont tort car nous pouvons certifier que tous les crétins disparaîtront sous la Lune pour laisser une chance aux scorpions et aux méduses. Les optimistes savent qu'il suffit de Robinsons, de chèvres et de gent féminine pour lancer de nouvelles aventures ... Tous les jours que Dieu fait.

 
 
statue de jardin. Verneusses. michel ducruet.
Ducruet. ©.2009.Normandie.
 
 
 
 
 
 
 
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