COMPLICES ... | ||
Ducruet.
©.2009. Normandie.
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Les jardins suggèrent que le Bonheur des uns devrait faire le bonheur des autres. Ce secret n'est pas gardé dans les sous-sols de Genève, banquière protestante. On ne le déchiffre pas dans des grimoires écrits par des sorcières avec du sang de crapeau. Nulle Bible, nul Coran, nul Evangile ... Les prophètes ne sont d'aucune utilité. Rien d'intéressant sous les pyramides et les panthéons. Les bobards sacrés, les contes à dormir debout, les miracles pour bonnes femmes, les saints , les divinités, les diables, démons, et mécréants méritent qu'on les enterre avec des lombrics faiseurs de terreau, des fourmis éleveuses de champignons, des bactéries bouffeuses de poubelles... Quelle poisse que ces terrorisés de naissance aient entrepris d'avoir des apparitions, des révélations , des transes et des sueurs pour coincer les heures, forcer à croire que la terre est plate, donner le fouet aux femmes et poursuivre toutes créatures de vengeances divines et d'interdits célestes!... Talents de fous et d'illuminés qui font des étincelles en pétant les plombs! Toutes ces pierres dressées, coupoles, minarets, voûtes en berceau ou d'ogives... Pyramides, zigourats, tumuli, temples du Soleil ou Acropoles... Machines perfectionnées pour sauver les âmes, s'en aller avec espoir de retour, accéder aux paradis , prolonger l'ouverture des yeux et des oreilles... Jusqu'aux tombeaux savamment arrangés pour les jours de jugement et de longues patiences en attendant des consolations! D'immenses bassins, des figures de grès, des formes savantes prises dans le calcaire ou le granit... Profusions de légendes, inondations de prières, langues sacrées des prêtres, foules rassemblées pour la faim, la soif, la musique et la danse, sciences des cortèges et des mouvements, calendriers, sacrifices, fumées, grillades et supplices... Les hommes ont tout dépensé pour conjurer leur sort... S'il n'y avait que des dieux pour nous mener en bateau, il est probable que nous mènerions des vies assez tranquilles à l'ombre des temples, des clochers et des lieux de prières patinés par les orages, les pigeons ou les singes près des eaux calmes des lagunes ou sur les berges de rivières poissonneuses... A force de chanter des cantiques, des hymnes et des prières, nous tomberions de sommeil et il nous suffirait d'un oeil pour être sages et de l'autre pour être tranquilles. Voir comment quelques merveilles de mélodies et de poésies latines du haut Moyen-âge ont viré dans les années cinquante au jazz rural égosillé dans le désert. Hélas, l'esprit et la cervelle ne font pas bon ménage. Quelques givrés suffisent aux cauchemars . Ce qui les perturbe le plus est simple et naturel: ils meurent... Les bêtes et les plantes n'en font pas une affaire et la Nature n'est encombrée ni de cimetières ni de pots de chrysantèmes, le vent ne siffle pas de symphonies funèbres... Alors que tout se complique chez les primates qui veulent des raisons de vivre... et trouvent des astuces pour se prouver qu'ils sont quelque part. Des passions infernales les tenaillent parce qu'ils croient manquer de tout, parce qu'ils savent compter jusqu'à cent et qu'ils ne tourneront pas autant de fois autour du Soleil. Il y a des carpes qui durent trois siècles dans les douves des châteaux en ruines, des tortues qui se traînent deux-cents ans sous les genêts, des crétins qui pissent droit et pètent fort après quatre-vingt dix printemps d'extase sur les décolletés... Devant tant d'injustices, les malades ont rivalisé d'ardeur. Casser des cailloux puis les faire casser aux autres. Voler les belles ou moins belles filles. Se mettre de l'or autour du cou, des bagues aux doigts, des sandales aux pieds. Taper sur les voisins, s'équiper d'arcs et de flèches, monter à cheval, dépouiller les pauvres et lècher le cul des puissants, tirer des fusées, faire des bombes atomiques, inventer des microbes, faire du béton armé, diriger des banques, avoir des sous-marins, écrire des livres redondants, faire des films de fesses et de chemises... Mais toutes ces démonstrations de force ont besoin de la scène du monde et de la foule des groupies. Quand on plante des électrodes sur les enfants de Dieu, ils oublient leurs cornes, rêvent d'orgasmes interminables, sourient entre les camions et les abattoirs, se glissent d'eux-mêmes dans les boîtes de conserve et sur les rayons de la Société-Libérale-Avancée... Faire bouger les hommes fait pleuvoir de l'or. Plus ils s'agitent et moins ils savent où ils se trouvent. C'est là qu'il faut les coincer, les organiser, les dresser au travail ou à la guerre, les distraire, les instruire, les peupler d'habitudes sonnantes et trébuchantes, leur confier de petits secrets et les habituer aux chatouilles... Les dieux d'autrefois n'étaient que raconteurs d'histoires, les jeux contemporains ne laissent tomber personne ni le jour ni la nuit... Le Rire étant le propre de l'Homme, il suffit de l'automatiser, de mécaniser le vivant, de l'installer en permanence le cul sur des soupapes entre quatre roues et deux tours d'horloge, pour que les olympiens qui font la pluie et le beau temps se marrent devant dix milliards de pantins sentimentaux, lâchés sur une boule de glaces fondantes, giratoire et fonçeuse autour d'une étoile indifférente, dangereuse et périphérique... Car tel est le secret de la "Mondialisation", dernière étape de la divinisation des tireurs de ficelles, peu enclins à lâcher les rênes, forcément tentés d'en finir avec les grands nombres et de confier à quelques microbes l'honneur de nettoyer la fourmillère humaine... La deuxième boîte de Pandore est toute petite et bien gardée dans un coffre d'azote liquide... mais rien n'interdit de penser qu'un cinglé, plus fort que les autres, la sortira de là dans un sac en plastique et la posera discrètement dans le bac à sable d'un jardin d'enfant. |
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Ducruet.
©.2009. Normandie.
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