LES APPARENCES, UNE AFFAIRE DELICATE... | |
Ducruet.©. 2006. | |
L'Art ne commence et ne s'arrête nulle part, ni dans les musées, ni dans les écoles ni dans les livres... Un tableau, une sculpture, un dessin, ne sont que des astuces dont les hommes se servent pour s'échapper du bagne. Il faut admettre que les soleils du matin et du soir nous font tourner en rond, que les saisons reviennent et qu'à la fin elles nous narguent... A quoi bon se payer une centaine de circonférences autour d'une étoile et trois dizaines de mille autour du pôle nord ?... Et encore! la plupart n'ont pas les moyens d'aller jusqu'au bout de l'aventure, les maladies, les accidents et les bousculades nous tuent avant l'âge de raison et la folie de nos amis ne nous protège pas de nos ennemis... Nos misères donnent du relief à nos vies de toupies et comme nous sommes capables de crier et de chanter, nous faisons le plus de bruit possible pour déranger nos voisins... Il n'est pas certain qu'ils nous entendent, la Lune est vide, le reste est affaire de gaz asphyxiants ou de caillasses antipathiques... Quelques cinglés nous racontent des histoires de paradis terrestre pour nous faire tenir tranquilles. Il paraît que c'est à cause de la curiosité des femmes et de la faiblesse des hommes que nous sommes condamnés à nos tristes rotations ... Les plus ravagés de ces fous nous promettent la vie éternelle dans un décor de rêve... N'y en a-t-il pas qui nous jurent qu'onze mille vierges nous attendent avec le sourire?... A vrai dire, nous sommes nombreux à nous réjouir d'avoir les pieds sur Terre. Comment résister au plaisir du sommeil, ce droit biologique à la paresse et au rêve? Bien reposés, satisfaits de nos corps, levés du pied droit, nous sommes prêts à vivre intensément. Ce qui veut dire que nous sommes heureux de refaire ce que nous avions fait la veille... Par exemple vendre une moto pour en acheter une autre, draguer une rousse aux yeux d'émeraude, se taper un resto sympa... Le travail fait partie de ces réjouissances destinées à tromper l'ennui. D'ailleurs plus nous sommes riches, plus il coûte cher et les chômeurs, malgré l'immense batterie de télécommandes, de paraboles et de DVD qui leur sont offerts sur le marché de la culture, dépriment à force de tourner en rond... | |
Ducruet.©. 2006. | |
Toutes
les pendules ne sonnent pas en même temps. Un faible pourcentage
d'humanité échappe à tous les réglages, perd
la notion du temps qui passe et se tire d'affaire grâce à
de curieuses machines. Des bricoleurs de génie se sont aperçus
qu'il ne sert à rien d'aller dans le sens des aiguilles d'une montre.
Ils diffèrent des simples bricoleurs qui suent du sang et des larmes pour accompagner le "social" et le remplir de signes intelligents qui le rendent lisibles aux aveugles... Faut-il border de bornes hectométriques les chemins de la Liberté, planter des poteaux d'orientation sur les chemins qui ne conduisent nulle part?... Qui a besoin des preuves de son ignorance?... Des mesures exactes des empreintes de ses pantoufles?... Faut-il nous étonner indéfiniment de faire la queue avec les autres, nous forcer à l'inventaire de nos points communs, de nos déchéances et de nos manies?... Avons-nous assez regardé nos carcasses, tâté nos fesses, gratté nos nez, remonté nos seins en pensant à autrui?... Saurons-nous gérer nos conflits et fondre nos identités dans les reflux d'une communication infinie? En d'autres termes aurons-nous assez de charlatans pour rendre la vie claire et insupportable? Il faut se tirer de là. Se grouiller. Ne plus savoir l'heure, prendre son temps à l'envers, fuir la concurrence.... L'Art est aussi frelaté que l'Agro-alimentaire : plus les compositions et les modes d'emploi surabondent, plus nous pouvons être certains que des inconnus s'occupent outrageusement de nos santés. En bonne médecine, il est moins dangereux quand on vit au Groënland, de manger de la graisse de baleine ou de l'ours blanc aux pesticides et résidus d'ordinateurs, que de se taper des ketchups, des frites et des hot-dogs en buvant du coca... Cette bouffe contemporaine est aussi hygiénique que l'Art du même nom quand il accouche de merveilles froides et de discours en blouse blanche... |
|
..............
|
|
Ducruet.©. | |
Puisque j'aime les icônes, les couleurs vives... les dessins par le contour, les aplats... finir une tête par les deux pupilles et me raconter des histoires, j'ai décidé de m'en tenir là. C'est ainsi que je me suis fait de l'espace et de l'air, que je dors quand je veux, que j'ai un corps immense et des trains de souvenirs ...Je sais que ni les bêtes ni les fleurs ne me tueront... que je serai encore visible quand les fortunés et les pauvres en finiront de leurs extases comptables et de leurs saccages, qu'il n'y aura plus dans les zoos que des souris blanches et des mouches bleues... | |
|
|