L'ANGE ET LA BÊTE, VIVE LE PLAISIR... | ||
Ducruet.©.2004.SIESTE. |
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La question du corps est très mode. Au vingtième siècle on s'occupa de l'inconscient et des rêves, mais on a perdu la boule sur la route d'Hiroshima à Nagasaki. Comme il fut dit à Oppenheimer :" Maintenant nous sommes sûrs que nous sommes tous des salauds..." Il faut croire qu'il restait quelques braves gens avant 1945... Puisqu'il faut garder le moral et que nous écoeurons la Nature quelques illuminés se sont dit qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras... La chair c'est de l'or et les stars dépensent pour leur image des montagnes de dollars. Ne vous inquiétez pas des détails, il n'y a pas une photo de magazine ou de pub sans retouches numériques. On efface les acnés, les vergetures, les grains, les touffes sauvages, les mauvaises courbes. On lisse, on chauffe, on rafraîchit l'épiderme, on divinise à volonté... On peut choisir le corps de ses rêves, coller aux fantasmes de son public... On n'est plus obligé d'être quelqu'un, on a la chance d'être quelque chose... Mais il faut s'acharner pour liquider les imperfections des corps car les miroirs ne répondent que la vérité aux questions angoissées des belles-mères... il faut savoir se débrouiller de sa carcasse pour l'échanger contre du bonheur... Pendant des siècles le Moi fut haïssable. Les cimetières servaient à le montrer et les philosophes à le prouver. Les écoles tournaient les têtes et les plaies ramassées sur les champs de bataille donnaient droit aux médailles. Les puanteurs semblaient dire qu'on avait de l'âme et comme le proclamaient tant de prédicateurs, la main posée sur un crâne : " Très chers frères nous naissons entre de la merde et de l'urine..." Cette malheureuse vérité préparait les humbles et davantage les femmes, aux excès de travail, aux joies de la domesticité et du renoncement. Ce monde était une vallée de larmes balayée par le Diable... Pourtant les moins idiots prirent le temps de se mettre à l'aise et de rire car si nous sommes nombreux, c'est grâce au plaisir. On devrait savoir que nous ne perdons pas la mémoire en marchant avec de belles chaussures . Ce n'est pas mentir que d'aimer en costume de bal... de fermer les yeux sur un collier de perles en détestant les cris, de porter un masque à Venise... Sans illusions, les hommes ne tiennent pas le coup. C'est ainsi que des impératrices se baignent dans du lait d'ânesse, que Cendrillon trouve un prince... et que les culs méritent l'hommage des cervelles... |
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