Les cow-boys et les indiens ne sont plus vraiment de ce monde. Les chevaux mènent une autre vie et les générations qui montent ne prennent pas de diligences.

Les cow-boys détestaient les barbelés, roulaient d'une main leurs cigarettes, tiraient aussi vite que leur ombre... Ils entraient et sortaient des bars, des bordels ou des tables de jeu comme tous les travailleurs qui sont arrivés au bout de leurs peines avec l'aide de Dieu. Certains lisaient la Bible, d'autres posaient la main dessus pour témoigner devant un juge , un petit nombre y jetait un oeil juste avant de se faire pendre. Beaucoup sont morts de mort naturelle, c'est à dire en se tirant dessus ou en passant sous les pattes d'un troupeau. En période de vaches maigres ils allaient vers le Nord chercher des pépites et troquaient leur stetson contre des bonnets de fourrure. Le whisky abondait jusque dans les rivières à saumons et leurs aventures plus éraillées que leur voix valaient de l'or .

Les enfants qui ne les quittaient pas des yeux ont aujourd'hui la soixantaine... Lucky Luke s'est arrêté de fumer, les indiens parlent arabe, les duels se font à la voiture piégée et les filles perdues viennent de Moldavie via des mercedes albanaises... Les chevaux regardent passer le nez dans le trèfle et de temps en temps, penché sur un éclat de miroir, un vieux de la vieille se crache à la gueule et dégaine... plus vite que son ombre.