Diogène à Corinthe

DIOGENE A CORINTHE...

	Laïs se donnait aux fidèles d'Aphrodite. La piété de ces pélerins leur coûtait des fortunes. On ne comptait plus les ruines de vieillards et de gosses de riches. Un négociant de Sidon, marchand d'esclaves et de bibelots, voulut un soir prier dans son lit. Il se tut quand il comprit que les caresses d'Aphrodite le privaient du nécessaire plus que du superflu... Les levantins sont rusés : feignant une grosse fatigue il s'endormit d'un sommeil hypocrite. La belle jura de venger la Déesse, fit chercher le premier vagabond qui traînait dans Corinthe et repartit en prières sans le phénicien. Le nouveau n'était ni beau ni laid, il n'avait pas une obole. Il dit qu'il était philosophe, qu'il se nommait Diogène, qu'il avait quitté son maître et qu'il marchait droit devant lui depuis Lacédémone. Elle lui trouva de l'esprit et du corps, elle le garda deux ans pour se venger des avares. Un jour comme les autres il dit qu'il devait partir pour Athènes, lui offrit tout ce qui restait de sa folle jeunesse, une timbale en argent, puis il prit la route pieds nus, avec pour tout bagage un bâton et un chien... Ils restèrent très bons amis.
Diogène. 112x85 cm. Naïf, Huile/toile. Ducruet. 2004.©.


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