16 XII 2003 8h Les Voeux ( 5 ) |
||
Nos ciels se transforment. Quand je regarde en l'air, vers huit heures en hiver ou cinq heures en été, je me raconte des histoires car il ya du monde entre les nuages. On s'agite là-haut. En bas, on s'agite aussi. Les uns volent et les autres rampent. Des veinards sautent comme des puces sur la planète, ils l'arrosent de plaisirs et de profits. Des entreprenants battent des ailes et des astucieux butinent. Les âmes simples pensent que tous ces transports rendent le monde encore plus fréquentable, vivable et fraternel. Les grincheux disent qu'on fait trop de bruit pour rien et que si l'on virait des avions les indésirables et ceux qui tournent en rond, il suffirait d'un avion là où il y en a trois. C'est peut-être beaucoup. Y a-t-il des statistiques? Encore que les drogues et les armes soient la moitié du commerce, ajoutons des sexes et des diplômes, concluons que nos échanges prioritaires valent aussi ce que valent les canons, les stupéfiants, les amours tarifés et les cervelles d'importation. Mais tant mieux s'il y a des avions pour tourner autour de la terre et jeter un coup d'oeil sur le potager des autres. Il nous manquera les émotions primaires, les vibrations des planeurs de Lilienthal, les pétarades sur le Flyer, la solitude de Lindbergh ou de Roland Garros. Tous les Tristan se moquent d'aller à cheval ou à bicyclette, Yseult n'attendait qu'un signe, pas un navire... Et qui se plaindrait de pencher la tête sur le désert de Gobi, un café dans la main droite et les aventures du jeune Polo sur la table? |
||
16
VI 1935 8h
|
||