QUEL ESPOIR VOULEZ-VOUS ?.... |
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Ducruet.
Jardin. © . 2007. |
...........................................Vous m'avez reproché de ne croire à rien. Je vous assure que c'est moins grave que de croire aux extra-terrestres, aux pieds fourchus de Satan, aux ailes des anges, au Paradis d'Allah plein de vierges, au Dieu vengeur de Jérusalem ou à la mort du Fils pour l'expiation de nos péchés. Suivez mon regard, vous verrez qu'il ne porte pas sur des dogmes. J'ai vu autour de moi l'effondrement ou la lézarde des choses, des opinions, des empires. Tant mieux, j'aurai vécu longtemps. Rien de ce qui est humain n'est éternel. J'ai grandi avec des livres d'autres siècles ( le dix-neuvième et le vingtième...) et puisque je suis aussi sensible à l'atmosphère des ruines qu'à celle de la rue, j'ai passé le plus clair de mon temps à l'étude des époques anciennes. Il me reste du passé beaucoup de traces et fort peu de conclusions. Je n'ai pas de nostalgie, sauf peut-être celle des paysages que nous ne verrons jamais, de l'air que nous ne respirerons plus et des animaux si voisins de l'homme pendant tant de siècles. Heureux Bougainville et bienheureux peintres de Lascaux... C'est la planète qui m'attriste maintenant que plus aucune illusion n'est possible sur les climats et leurs mutations intempestives. Nous étions partis pour le bonheur, nous avions marché sur les vieilles lunes de la Providence, cru avec des philosophes que nous naissions sans taches, enseigné que nos progrès rendraient le monde exemplaire et les peuples merveilleux. Fallait-il que nous penchions vers le Mal sans nous en rendre compte? Aurions-nous craint l'Histoire et fermé les yeux sur d'insupportables éventualités? La pire étant que de toutes les bactéries et virus mortels au monde, nous sommes les plus actifs... Désormais les pendules sont remises à l'heure et les illusions perdues sont à remplacer... |
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Ducruet.
Jardin. © . 2007. |
Dans les tableaux de vanités le désespoir n'est pas de mise en dépit des apparences. Les bougies s'éteignent, les fleurs se fanent, les vers grouillent dans les orbites des têtes de mort, les livres tombent en poussière et des sabliers nous rappellent que le temps n'est pas à notre service... mais dans cette désolation théâtrale il y a toujours un objet d'éternel retour et de relance, où l'oxydation, la pourriture, la dévoration sont impossibles. Car le néant n'est pas plus de ce monde que l'immortalité. L'espoir se condense sur lui-même, se tapit dans une sorte d'humilité, comme un fragment d'ivoire ou un éclat de perle . L'espoir a besoin de ténèbres. Il s'affole et se détraque dès qu'on lui parle d'ambition, de pouvoir et de bonheur... Il s'accommode des hommes mais se fortifie dans la solitude, refuse les temps contraints ... Cette allergie à la météo sociale n'exclut ni la compassion ni les attaches, s'accompagne même d'une mémoire extraordinaire des jours heureux... Mais la religion de l'amour et de l'amitié fait la part mince aux mystères, nous ne sommes pas nés pour avoir chaud en hiver, nous sommes au monde pour le connaître, l'explorer et le contempler. Rien n'indique que nous sommes plus considérables que les feuilles et plus chéris du soleil que les bêtes que nous exterminons. On nous prédit des catastrophes, ce n'est pas original. Le Déluge a déjà eu lieu, nous sommes tous descendants de Caïn, il vaudrait mieux se persuader que nous ne sommes nous-mêmes que le dos au mur . |
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Ducruet.
Jardin. © . 2007. |
L'espoir contemporain plonge ses racines au fond de la comédie humaine, il ne peut qu'être impitoyable, comme notre solitude autour du Soleil, notre besoin d'oxygène, de nourriture et d'excrétion. En ce qui concerne le Bonheur, rien ne sert de courir, nous n'avons pas gardé les cochons ensemble... |