HEURE BLEUE... | ||
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C'est l'heure des naissances et de la mort. La lune s'est couchée, le soleil se lève. Les vampires se cachent, les enfants rêvent une dernière fois. Il reste par ci par là des fées à la traîne. Les oiseaux de la nuit se taisent. Je ne sais pas encore si je démarre du pied gauche ou du pied droit. Tout dépend des visites que j'ai dans la tête. Je m'endors avec des idées, je me réveille avec des souvenirs. Ils insistent, je n'arrive pas toujours à faire le tri. Il y a ceux de la vie, ceux des livres, ceux de la peinture. Plus des mots qui viennent de n'importe où, se jettent en vrac ou en file indienne. Des aventures s'achèvent ou reprennent le départ. Des femmes rient encore, j'entends comme elles rient et j'ai leurs yeux en face . Coup d'arrêt sur la cafetière, les trois greffiers braillent qu'ils ont faim. Beurre confiture. Croquettes au canard planquées dans le sauna. Un sucre ou deux sucres?Tibère veut sortir. J'allume la cour au cas où le renard serait à côté. Il s'est payé ce pauvre Streuh l'année dernière. Les renards sont friands de chats... Jude Stéfan qui raconte l'histoire du bègue qui avait le hoquet, les cartes postales de Matisse comme les pets de Montaigne, Cancio dont il faut que je trouve des photos de chemin de croix, Françoise, disparue en mer, qui fut malheureuse en Rolls, mon père qui démarre le petit Somua, analyses logiques et grammaticales sur du papier d'emballage à douze ans, le type de Bordeaux qui a perdu sa cervelle sur la N 138 en juin 1972 et qui ronflait sans tête dans sa bagnole, la boîte de pastels gras de Montbrison, le père Laniel qui botte ses poireaux pour le marché de Sury-le-Comtal, Maman dans l'hélicoptère à la foire de Casablanca, traduction de Lucrèce: suave mari ventis turbantibus ou quelque chose comme ça, Paul Fustier dans la Nash en 54, les grenouilles expliquées par antoine et joseph Muzelle à Saint Priest la Roche, vers cinq heures du matin pêche au barbillon à la Goutte des Quatre Curés, les trois volumes in-folio de l'Histoire de Mézeray dévorés à treize ans, Simone m'a offert un petit baigneur taille-crayon........ | ||
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