DEMAIN, UN AUTRE JOUR ?...
 
 
deux capucines rouges. photo michel ducruet.
Ducruet. ©.2009.
 
  Quel bonheur vous attend de pied ferme? Les vieilles dames sèment des capucines sous les fenêtres, des géraniums ou Dieu sait quoi, habillent la maison d'une robe à fleurs, comme une enfant de Marie des années cinquante ou la paysanne dans le Leica d'Edouard Boubat sur les routes de Dordogne. Un certain soleil des années cinquante, linge pendu aux fils, poules de basse-cour suivies de poussins et canards tranquilles cherchant les grenouilles, Tractions noires et Simca pistache, tables de marbre sous les platanes, rideaux de perles en buis, facteurs à bicyclette et à moustache... Peine perdue, la vie s'éloigne des corps, vous n'irez pas à la fontaine, les chevaux ne moissonneront pas, les moulins seront habités par des architectes ou des photographes, les presbytères par des pharmaciens...  
 
Opera Garnier. photo michel ducruet.2009
Ducruet. ©.2009.
 
  Les dieux et les muses habillés d'or et de bronze chapeautaient des mortels qui connaissaient la musique ... Rien ne vaut l'échelle sociale pour s'élever aux cieux, charmer danseuses et petits rats... Le ballet des voitures et la mitraille des fers autour du palais, le crottin sous les marche-pieds, les parfums de lys et de vanille, les bons mots et les frous-frous de célibataires endurcies, les chamarres militaires, les rondeurs industrielles et mille échos de loges ... Dans Proust il y a du Lartigue et du Xanroff, un mélange de Bugattis et de fiacres, de fines cruautés, de belles mouches et moustaches, des rombières et des espionnes empressées auprès de ce monde, professant des vérités petites et moyennes puis inconséquentes ... Les hommes quatre fois plus menteurs et vendeurs de vent mais lucides sur l'imbécillité des états et des traités, connaissant les chiens et indulgents pour eux-mêmes... Les étoiles en jean passent aujourd'hui par le métro, comme les Japonais et les abonnés. Les abeilles butinent chez Zara...  
 
feu de broussailles. photo michel ducruet.2009
Ducruet. ©.2009.
 
  L'homme a commencé près du feu. Notre enfance de l'art effrayait les bêtes, attirait les yeux de bébés, confortait les compagnes et rendait bavard... La foudre dérobée, l'étincelle recommencée, les bois frottés jusqu'à la combustion... L'esprit nous est venu à la vitesse des mots et les mots sont sortis de nos gorges chaudes, entre des lampées de graisse fondue, des gigots découpés avec des pierres, des boyaux délicieux et des foies bourrés de vitamines... Le Bonheur fut de ne plus guetter, de perdre sa trouille, de se donner quelques insouciances... chanter deux ou trois notes, d'entrevoir des métamorphoses et de l'avenir dans les fumées... Il se pourrait que fatigués de cervelle, épuisés par les lois, haineux des temps contraints, chauffés à blanc par de vieilles injustices et des gémissements de famille, se remettent aux feux les hommes forts, grillant des montagnes de conventions et de civilités, brûlant les livres, les tours et les moquettes, jetant aux flammes les hommes et femmes d'ordre mis en brochettes, les bonheurs médiatiques et les folles consommations, se donnant la main et faisant la ronde autour de Babel, enfin revenus aux ivresses anciennes, quand l'orage, la nuit et les brasiers serraient femelles et mâles coude à coude... et que des étincelles pétaient sous les yeux...  
 
 
 
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