L'OMBRE DES IMAGES...
     

......................Le Coran n'est pas un "Livre" comme les autres. Ce n'est même pas celui de Mohamed, c'est le recueil des paroles divines "descendues" dans le corps du prophète et révélées par lui au fur et à mesure de ses entreprises. Le Coran ne se discute donc pas: aucun individu n'est à sa hauteur, il faut le "respecter", c'est à dire l'apprendre par coeur et s'y soumettre. Personne ne peut signer, traiter au nom de Dieu car personne ne l'égale. Toute archéologie, toute science profane sont vaines vis à vis du Coran. Seuls les plus vertueux et les plus sages des musulmans peuvent à la rigueur éclairer le sens de tel verset ou de telle sourate, en se mettant d'accord et en s'interdisant tout avis personnel. Le Prophète n'étant que le verbe incarné d'Allah, il est donc entendu qu'aucun prophète ne peut lui succéder et que la représentation de sa personne risque de porter atteinte au "Livre" lui même. A plus forte raison humour et caricatures sont blasphématoires. Le blasphème étant que l'insulte s'adresse directement à Dieu quand le prophète est visé....

......................L'Occident ne s'occupe plus depuis longtemps du reste du monde, sauf pour en tirer profit et organiser l'immense déferlement de ses sciences, techniques, beaux-arts et pensées sur l'ensemble de la planète... Cela fait cinq siècles que ça dure avec ou sans Dieu... On peut lui reprocher d'affreuses cruautés, mais elles font équilibre aux deux inventions majeures des derniers siècles : la pensée au second degré pour le grand nombre et la réinvention du sexe à la portée de tous... Nous comprenons mal que nos raz-de marée technologiques, scientifiques et philosophiques aient poussé les frustrations des autres cultures au delà de l'imaginable... Pires que toutes les croisades furent les vaccins efficaces, les locomotives efficaces, les navires efficaces et les universités modernes... Au moyen-âge les croisés finirent par avoir le dessous et tout oriental put se rendre compte qu'ils avaient plus appris de l'Orient que des évangiles... Mais comment expliquer que les meilleurs marins, les plus forts astronomes, géographes et médecins du monde médiéval, aient fait du sur place entre le XVème siècle et le Vingt et unième? L'islam s'est enfermé, congelé dans le ressassement des formules et des fatalités. Inch'Allah...On a oublié que deux fois plus d'esclaves sont passés d'Afrique en Orient qu'il en vint aux amériques... Ce n'étaient donc pas les délices de Capoue qui débilitaient les sociétés, mais une défaillance formidable du politique et de l'intellectuel, bornés par les ordres féroces de la tradition... La Révolution Industrielle et la guerre ayant explosé l'empire ottoman, les colonisations occidentales ont généré tant de courants d'air et le pétrole tant de débordements que des hommes sont passés en trois génération du fusil à pierre aux 4x4 et aux ordinateurs... De la razzia à la Bourse de New-York... L'Occident à domicile, coupoles, satellites, Hollywood, presse people, intellos... Tous les ingrédients efficaces de la terreur.

.....................Terreur renforcée par des ratages politiques et sociaux, le mépris peu déguisé des peuples riches, les dures réalités de la globalisation, les exils pour le travail ... Alors l'esprit cède la place aux âmes ... Les hommes préfèrent les croyances aux savoirs... Les voiles à l'obscénité de leurs carcasses. La remise en question de soi, insupportable aux foules, n'est traduisible dans les mosquées qu'avec les mots du Livre... L'ennemi, le Grand Satan, c'est forcément l'autre, l'invivable ramasseur de jack-pots, l'occident aux moeurs infâmes, l'occident de la déraison et des femmes extraverties... Le mécréant dont avec l'aide de Dieu, les justes débarrasseront la Terre... C'est aussi quelque part l'éternel combat des purs contre les pourris, des cavaliers contre les dragons... De l'encens contre les marécages... Etranges tentations de meurtre... des assassins du Mal

     
Naissance du prophète. Perse. XVIème siècle.
     
.....................Cette curieuse "nativité" où les écritures et le décor prennent une place considérable, montrent à quel point l'orient fuit encore toutes les occasions de géométrie dans l'espace, sollicitant le regard pour le spectacle linéaire de la lecture. Tout est calligraphie dans cette image, bien plus que peinture à deux dimensions. La rudesse des formes et la couleur sollicitée pour unir deux textes plutôt que pour libérer des émotions montrent à quel point la méditation, la contemplation ne passent pas par la peinture. Certes il s'agit d'une miniature mais nous sommes à l'époque de Léonard de Vinci, de Fouquet, du Tintoret... Le virage que les Renaissants ont opéré à partir des grecs consistait en somme à libérer la Raison dans tous les champs du possible, à confier d'incroyables aventures de l'esprit et des sens à des hommes taillés pour la solitude et l'Amérique. Ici la raison consiste à mettre un carré blanc sur le visage du nouveau né... C'est à dire à soumettre la vision à l'écrit, l'espace à la lettre, l'individu aux ordres... A partir de là qu'importent les mathématiques?... les remises en question, l'effroi moderne de la connaissance... Il ne reste plus que le jeu d'échecs pour les plus raffinés... le dressage des faucons... les charges de cavalerie conduites par un colonel anglais jusque dans les rues de Damas... L'Or noir a pris la place de l'encens et de la myrrhe, mais c'est toujours le mécréant qui veille sur le monde ... insupportable!
     
     
     
     
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