......................Le monde a les couleurs qu'on lui donne. Elles le font passer de cervelle à cervelle à nos risques et périls. Nous n'avons rien à dire aux choses mais elles lâchent ce que nous raflons. Nous ne mettons des gants que pour affûter nos mensonges, avoir l'air dans le vent des apparences, nous presser les uns contre les autres, prendre le temps comme les reptiles prennent la chaleur sur les pierres. Les images nous renvoient des sourires et des grimaces à mesure qu'arrivent les invités sous le soleil et repartent les chagrins dans le noir. Nous savons que l'arc-en-ciel n'est pas une porte de paradis, qu'il se moque de nous quand il se montre après les orages. Mais nous l'avons piégé dans les larmes, un jour d'extrême agitation. Nous l'avons mis en boîte et en tubes, couché dans les émulsions, coincé dans les circuits électroniques. Nous en faisons ce que nous voulons...

.....................Certains s'imaginent qu'il ressemble aux ailes des anges. Ils en mettent sur le dos des imbéciles pour leur faire la morale, les convaincre de leur crasse originelle et leur promettre des jours meilleurs quelque part au-dessus des nuages... Ils disent que les dieux sont les amis des hommes et que les diables n'ont pas de coeur... Ils voudraient qu'on vive le nez en l'air et les mains jointes en dehors des heures de travail... Les escrocs cajolent des montagnes de marchandises en les baignant des lumières de la passion, comme si tous les feux de l'amour se donnaient rendez-vous dans un fromage ou des baskets. Les septièmes dessous de la chair et du désir dragués jusqu'à l'os pour l'extase des marques et du buiseness. Les couleurs du profit plus fortes encore que les miracles... Les subtils et les discrets rangent d'une main de fer les écrans de la communication jusque sur les petits chemins. C'est pour qu'ils ne sentent pas la noisette et que les rêveurs ne rêvent que la nuit... pendant que travaillent les maîtres.

......................................................."J'm'en fous" dit la chanson.