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............................. Les yeux devant la cervelle, sont indispensables aux affaires. Les politiques et les amants s'entourent d'extra-lucides quand il s'agit de percer les brouillards de l'indécision. Crésus, roi de Lydie, choisit la guerre après consultation des oracles... Napoléon suivit un aigle, les nazis comptaient sur les astrologues, Staline fut grand amateur de sciences occultes, d'autres amis du peuple s'entourent d'experts en placements financiers... Une devineresse à l'Elysée... L'avenir n'a donc pas que des cocus à son service...

La lumière en Peinture tient de la lucidité plutôt que d'un sixième sens. On parle de peintres visionnaires quand les mots ne servent à rien. C'est bon signe puisqu'un tableau digne de ce nom ne bavarde pas. Attention quand même aux effusions lyriques, aux transes glandulaires, aux pulsions... faites gaffe aux érections et aux mouillettes, foutez-moi la paix avec l'Absolu et la quatrième dimension, laissez papa tranquille et arrêtez de cueillir des fleurs à maman... Vous auriez dû remarquer que vous vivez au milieu des signes, que vous ne savez plus rien voir sans pourcentages, additions, soustractions, divisions, multiplications, statistiques, courbes et taux... Le roman interminable de vos petites gorgées de bière, votre identité, dites-vous, votre réalité socio-culturelle, c'est de l'arithmétique et de l'algèbre... Indices de satisfaction, chiffres des ventes, pouvoirs d'achat, niveaux de consommation, réseaux, nombre d'entrées, délinquance en col blanc, délinquance des jeunes, tests d'évaluation, pré-ados, ados, ménagères de moins de cinquante ans, seniors, juniors, trente cinq heures, trente neuf heures, heures supplémentaires, pensions alimentaires, espèces en voie de disparition... C'est le "réel", c'est personne, c'est vous, c'est moi, c'est tout le monde, c'est rien... On plane... Faites-vous faire une check-list par semaine, vous toucherez du doigt le bonheur d'être bien dans votre peau... Votre monde passe au scanner tous les jours, toutes les heures, vous y êtes, vous en êtes... signez là pour qu'il soit remboursé...

Soyez sage... Il n'y a rien de bon dans le romantisme de gare. Venez plutôt voir la mort de Sardanapale, les objets du plaisir, l'empilement des viandes et des trésors sur le bûcher... Laissez tomber les chagrins, les bords de lac sous la lune, les forêts ombreuses et les glaciers des montagnes germaines... Vous finiriez en rose et en noir, toujours aux ordres de la grande Guêpière... Tenez-vous bien les yeux en face des trous... Soyez artiste sans qu'on vous le demande... Laissez aux singes les cacahuètes et les projecteurs... Vous n'avez aucune raison d'aimer et d'être aimé à part le fait de passer par là et d'avoir de la chance...Vous n'êtes pas né pour Etre mais pour penser de la tête et du corps, faire passer à toute vitesse quelques renseignements utiles qui permettront aux suivants de penser un peu plus longtemps et qui sait ?, à autre chose... Maman ne vous a rien donné de plus, ne vous fiez pas à ses gentillesses, elle voulait vous garder près d'elle... Elle avait une trouille bleue de vous savoir mortel, elle ne sut jamais trop quoi faire de son ventre, elle s'est crue magicienne, jeteuse de sorts... Elle ne pouvait plus rien lâcher...

La bonne lumière illumine, n'éclaire pas. Elle n'a pas de sens ni d'intensité. Claire ou sombre, ça n'a pas d'importance, elle est dans les formes autant que dans les vides. Elle est polychrome et le contraire. Elle se promène dans un plan, rebondit vers l'avant ou l'arrière du tableau chaque fois qu'elle pourrait en sortir à cause d'un détail ou d'une partie trop montrés. Cette compression c'est le travail du peintre. Avez-vous remarqué qu'en couleurs vives ou en gris variés, les tableaux vivants ne laissent rien passer que la totalité de leur rectangle, ovale, cercle ou carré ? Ils n'ont pas de zone seconde, toutes leurs parties s'éclatent les unes avec les autres et vous arrivent soudées dans la cervelle, en un éclair... C'est pour ça que les mots vous manquent et qu'on peut jouer des heures à se demander comment c'est fait. Le monde ne se raconte pas en petites histoires de bons et de méchants. Les couleurs ne sont ni propres ni sales... Les sujets ni grands ni petits... Trois asperges de Manet plus fortes que d'innombrables naissances de Vénus, les pommes de Cézanne plus solides que l'Empire... Je vous parle d'une lumière amorale posée partout, non sélective... D'une lumière aussi brillante que son ombre, comme chez Van Gogh... Plus sûre que que toutes les lampes de gynécologues quand il s'agit d'explorer l'origine du monde, et d'apercevoir qu'entre rien et rien il y a ce que nous appelons Tout.