MARIE-LOU STORY. | ||
Ducruet.©.2004. |
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.......................Elle venait de passer son code le huit juin. Sa mère n'a jamais rien fait pour elle mais son beau-père a toujours été gentil. La preuve, c'est que ce jour-là, il lui dit que s'il avait pu avoir une fille c'est elle qu'il aurait voulu. ..................... Ses profs se moquaient un peu d'elle à cause de ses excentricités de costume et de ses bavardages perpétuels... Il faut dire qu'elle avait mis tout son salaire de chez Mac Do dans un percing sur le milieu de la langue, deux ou trois colliers et des turbans. Les pénibles de ST4 et les vipères de ST3 surveillaient tous les garçons qui tournaient autour d'elle. Ils étaient faciles à tenir en laisse, il suffisait de les attirer dans une fête, de battre des paupières et de poser les fesses sur leurs genoux. Comme ils sont presque toujours en manque, qu'ils préfèrent prendre des habitudes avec une glougloute plutôt que de risquer de grands sentiments, Mary-Lou ne les voyait plus venir. Elle essaya d'en parler, mais Cindy lui dit qu'elle se montait la tête pour rien, que c'était la fin de l'année et qu'après le Bac, plus personne ne verrait personne. Mary-Lou pleurait mais Cindy savait la consoler et elles allèrent au Rex voir Sharon Stone. ..................... Les résultats sont tombés le 25. C'était gagné avec 11,79 de moyenne. Sur le livret les profs avaient été sympa, ils insistaient sur son travail et sa bonne volonté: "Mary-lou fait preuve d'initiative et de sérieux" " Elève motivée " etc... Il ne lui restait plus qu'à réussir la conduite pour décrocher le jack-pot. C'était le vendredi 28, il faisait beau, l'inspecteur en avait recalé trois dans la matinée et s'était aperçu que les moniteurs des auto-écoles fumaient sans arrêt en battant la semelle sur le trottoir... .....................Lorsqu'elle se présenta, il était d'excellente humeur, et son instinct lui disait que cette fois il ferait une heureuse... Il remarqua que son parfum était agréable et qu'elle prenait le véhicule en main sans hésitations. Elle portait des sandales à bride légère avec un jean noir, une chemise "Esprit" à petits carreaux verts, dénichée à deux euros sur une frippe du marché de L'Aigle et un foulard d'indienne. Elle s'arrangea pour qu'il ne voie pas le percing sur la langue. Ils passèrent devant la gare, il y avait un ralentissement comme d'habitude et au deuxième feu il lui dit de prendre la direction de Beaumont-le-Roger. Après Serquigny il lui demanda de rouler à quatre-vingt-dix. ................... C'est ici que les versions ne sont plus les mêmes... Le conducteur du camion dit aux gendarmes qu'il a vu venir la voiture sur lui à une vitesse de cent, cent-dix , que tout s'est passé si vite qu'il n'a pas eu le temps de freiner... Le Taxi qui se trouvait devant eux déclara dans sa déposition : " Depuis un kilomètre ou deux, j'avais vu dans le rétroviseur qu'ils faisaient des écarts. J'ai même dit à mon client qu'on était suivis par une drôle d'équipe et j'ai accéléré pour me tenir à distance..." ....................Les corps étaient sous le moteur du trente huit tonnes et tellement coincés que les pompes funèbres couvrirent de bandelettes le visage de l'inspecteur. La tête de Mary-Lou s'était presque détachée, ils la remirent en place à la morgue... |
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