LE MUSEE avec ou sans les Muses | ||
Photos Ducruet.©.2005. PARIS/BERLIN/CHEZ MOI. | ||
PARIS-BERLIN |
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........................ Au Louvres les voyageurs descendent en colimaçon sous la grande pyramide pour se faire contempler par quarante siècles et davantage. A Berlin une sorte de temple étrusque et prussien posé comme un gâteau s'ouvre par le bas aux amateurs de peinture. Il y eut des touristes à Rome, des étudiants étrangers dans Athènes, des savants de passage dans la Bibliothèque Alexandrine, des pélerins près des grottes miraculeuses... Aussi vieilles que les routes et les auberges sont les caravanes et plus vieilles encore les mules passant les cols de montagne. L'esprit des hommes serait-il né de leurs vagabondages ou de leurs perpétuelles tendances à l'imitation d'autrui ?... Que cherchent-ils dans les musées?... En tout cas on les y trouve. Ce n'est pas un miracle, plutôt l'effet d'une convocation, comme jadis le furent les messes, les sacres et les fêtes civiques. Les puissances publiques n'ont pas le sourire facile ni de jupons à soulever. Le pouvoir travaille de nuit pendant que les hommes rêvent... Peu importe, il y a beaucoup à voir dans les musées. Pour que les foules ne s'égarent pas on a inventé une science nouvelle , la muséographie, qui consiste à tracer de savants itinéraires au sein d'accrochages calculés. Quand les musées n'étaient jamais pleins ou presque vides, le public cherchait tout seul son bonheur avec la complicité de quelques gardiens débonnaires. Les spectateurs d'aujourd'hui ne recherchent rien de particulier, ils viennent voir les expositions qu'on leur donne au fur et à mesure des programmations enchaînées. Une pédagogie active et savante fait passer les oeuvres en ordre dans la mémoire collective. Des caméras et des détecteurs de métaux renforcent la sécurité. L'Art et la Culture échappent aux individus, deviennent des buiseness d'état ou de multinationales. Jadis on venait voir les trésors du Prince et méditer sur les oeuvres pour mieux réfléchir sur les hommes. Les musées ressemblaient à de gigantesques greniers bourrés d'objets rares ou de figures énigmatiques qui vivaient dans l'ombre une seconde vie, loin des fureurs de la ville. Ces vieilles cabanes ne sont plus de ce monde, on se cultive en masse et les greniers sont devenus des usines capables de "traiter" des millions de touristes. Les technologies de l'agro-alimentaire et des abattoirs ont fait des petits. Personne ne sait ce qui peut en sortir. Les grands musées sont nés avec les sociétés modernes, ils en ont l'ampleur, les richesses et les prétentions : l'Homme est perfectible et la Culture le rend sage... On pourrait croire que plus il y aura de musées moins il y aura de disputes... L'expérience nous montre que la fièvre pédagogique ne guérit pas de la violence, que tous les musées de Prusse ne suffirent pas à la civilisation. Je me demande si le cantonnement de l'Esprit dans des maisons spécialisées ne rend pas la rue plus sauvage... je m'interroge sur la capacité des fonctionnaires et des professeurs à rendre les hommes aimables à eux-mêmes... sur la force des catalogues contre les lois du Marché, sur l'art et la manière de ruser avec le diable... |
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CHEZ
MOI |
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........................ Pour toutes ces raisons, parce que j'aime la vie que les autres n'ont pas et que je déteste qu'on pense pour moi, je m'empresse en sortant des musées, de construire ma pyramide et ma chambre d'éternité, y gravant un "Livre des Morts" et posant avec soin les provisions nécessaires à l'autre monde. Car vous et moi savons que le bonheur saisi par les cheveux dépasse tous les spectacles, que César empereur choisissait d'être le premier dans un village plutôt que le deuxième à Rome, que charbonnier doit rester maître chez soi. | ||
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