LA NATURE : CURIEUSE AFFAIRE... (deuxième partie) | ||
Poulet
. Ducruet.©.2000.
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Les sciences et les techniques nous transforment plus vite que l'amour du prochain... Personne ne peut dire si nous sommes devenus ridicules ou fantastiques, il faudrait des témoins dignes de foi. Il se passe beaucoup de choses depuis la machine à vapeur et nous sommes stupéfaits de nos trouvailles... Le nombre des cervelles s'est multiplié par dix, nous vivons deux fois plus longtemps et nous sommes si riches que nous dépensons des fortunes à dégraisser... Entre le canon Krupp et un voyage autour de Saturne nous avons de la peine à comprendre pourquoi nous sommes si forts... On parle de ressusciter les mamouths, d'apprendre l'anglais aux chimpanzés, de dresser les moustiques à sonner l'alarme... Ce coq, par exemple, chantait " Plaisir d'amour ne dure qu'un moment..." chaque fois qu'il passait devant un micro ou quelque chose de ressemblant... C'était un drôle d'animal qui s'arrangeait pour ne plus avoir les pieds sur terre, qui s'occupait surtout de ses apparences, mangeait sucré, buvait des sodas, ne lisait pas, ne s'intéressait à personne et dénigrait la basse-cour sous prétexte que les canards, les dindes et les oies ne savaient pas chanter... Il perdait toute sa dignité en se jetant sur sa pâtée et se battait avec les autres pour se gaver de leur ration. Il ne supportait pas les poules à plumes noires et se moquait des histoires que les lapins, les souris ou les hirondelles racontaient à leurs petits. Il disait que les graines sont faites pour être mangées, que les fleurs servent à faire des graines, les arbres à donner de l'ombre, le vent à mettre en valeur son panache et le soleil à lui rougir la crête... De toutes ses manies, la plus étonnante consistait à se gaver de psilotes et de mousses hallucinogènes, il prenait ainsi des cuites régulières sous prétexte que le monde manquait de vastitude. Un jour, il terrorisa les lapins en jurant qu'on devrait tous les exterminer parce qu'ils étaient incapables de pondre un oeuf. Une autre fois, au coucher du soleil, il grimpa sur un piquet le dos à la lumière, écarta les ailes et hurla qu'il était l'Occident... Ce fou avait ses entrées chez les hommes à l'heure de l'appéritif, histoire de ramasser des morceaux de chips et d'écouter ce qu'ils disaient. Les dieux le faisaient chanter et le faisaient boire, il repartait en fin de soirée en se croisant les pattes pour marcher droit jusqu'à l'escabeau qui servait de perchoir les jours de fiesta. Il s'endormait en gromelant des bribes de phrases qu'il venait d'entendre. En mars de l'année dernière une renarde lui fit son affaire au petit matin. Il n'était pas monté plus haut que la première marche et baragouinait avec le hoquet " La terre n'est qu'un support..." |
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La
terre n'est qu'un support...
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