Sans lui nous n'aurions ni calendriers ni dates de naissance, la Terre comme une Île des morts irait au hasard dans la lumière des nuits sans lune, privée de couleurs et gorgée de glaces. Puisqu'il nous a donné le jour nous devrions lui témoigner quelques gratitudes. Akhenaton, roi d'Egypte l'adorait matin et soir. Louis, roi de France, se couvrit d'or et d'argent pour lui ressembler. Après le Déluge il avait rendu le monde à ses bonnes habitudes et chaque fois qu'il se levait, des armées pouvaient passer les Alpes et des peuples changer de main... Les gagne-petits, les poètes et les amoureux, toutes races qui craignent le froid au cul, lui ont fait une réputation flatteuse. Les voleurs, les avares et les cloportes le craignent. Les beautés locales profitent de ses rayons sous l'oeil des photographes. Les arbres lui tendent les branches et les hirondelles poussent de petits cris quand elles s'en rapprochent.
Il ne nous aime pas. Il ne surveille que sa pression et sa température. Il se débarrasse tout autour de lui de ses excès de particules. Il ne s'occupe pas plus des canards sauvages que des enfants du Bon Dieu. Qu'ils rôtissent ou claquent des dents, ce n'est pas son affaire. D'ailleurs que sait-il de ce qu'on raconte dans les mosquées, les synagogues, les temples et les églises?... S'il le savait, il péterait de rire en se disant que c'est bien la première fois qu'on entend chanter des moisissures dans un bocal... Puis il soufflerait quelques nuages cosmiques pour tout remettre en ordre et revenir aux choses sérieuses : brûler son hydrogène pendant quatre milliards d'années et s'offrir un grand tour de géante rouge avant de s'éteindre en naine blanche...
