La
Peinture naïve, un malentendu qui n'en finit pas.....
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...........................................Douanier
Rousseau. autoportrait.1890.
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Il s'est passé quelque chose de curieux à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième... Des autodidactes folkloriques et obsessionnels se mêlent aux bouleversements de l'Art, ouvrent un nouveau passage à la Peinture. Ils rêvaient comme Henri Rousseau d' un idéal académique, mais ils le tordaient de formes sincères, le tuaient de couleurs fraîches et curieusement accordées. Soixante, Soixante-dix verts ne sont pas rares dans une forêt du Douanier... Ces formes "impures", ces couleurs amoureuses préparent les yeux à des libertés modernes, à des angles de visée inattendus quand il s'agit de voir loin. Hélas, les tanks, les barbelés, les charognes, les gueules cassées, on connaît la suite : le siècle des grimaces, des cauchemars, des guerres civiles... Les Naïfs comme on les appelle sont repartis dans la forêt du côté des sept nains. Pourtant nous restent la chevauchée prémonitoire, la fatale poupée, l'amazone blanche sur le cheval noir à tête de tapir, le galop, les barbus sabrés et dépouillés, le corbeau se rassasiant, les nuages roses sur l'horizon d'abricot... Chez les pauvres, les yeux ne traînent pas non plus dans les poches... La peinture n'est jamais naïve, sauf quand elle est mauvaise... Le terme est ambigu, péjoratif en français. Les marchands de tableaux ont forcé la caricature : petits formats, bonshommes, fleurs enfantines et vertes prairies...tableaux de cuisine ou de chambre d'enfant... peinture douillette pour femmes de goût ou l'inverse... Il devrait y avoir d'autres mots... art singulier, peinture limite, art proche... La Sorbonne devrait s'occuper du problème... Tant qu'il s'agit de paysages maladroits et de personnages sans défense, cette peinture "naïve" est assez bien nommée. On se demande ce que lui trouvent les amateurs bourgeois, peut-être ce qu'ils attendent du peuple : une espèce de vitalité heureuse sans complications, un vide cérébral et politique, une chaleur confortable de l'imagination... ce qu'ils appellent "l'Authentique"... qu'ils trouvent aussi dans les liqueurs de qualité et chez les cuisiniers du terroir... Il reste à Cuba, en Yougoslavie, en Haïti, dans quelques lieux du monde, des femmes et des hommes sincères, accrochés corps et âmes à leurs traditions ancestrales... Ces peintres de villages, de banlieues, des périphéries en somme, travaillent comme des indiens dans une réserve que l'uniformisation des appétits et la régression des symboles rendent plus étroite ... Un miracle est-il possible? Les autodidactes d'aujourd'hui vivent en ville, savent lire et s'ils peuvent tirer de leur enfance et de certaines failles bienheureuses de leur éducation ce qu'il faut de confiance, je parie qu'ils peuvent se mettre à l'aise en vivant dans leur tête. Je parie qu'ils peuvent se tailler eux même leurs yeux à facettes, s'installer aux premières loges des vraies comédies, celles qu'on ne répète jamais, qui bordent l'abîme où finissent les mondes... |
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Divers.Ducruet
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