NOS AMIES LES BETES...
     
     
camp de concentrationcamp de concentration. photo michel ducruet.
Pondeuses en batterie. Ducruet.©. 1995.
     

........................ "Ce que vous ferez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le ferez..." Les évangiles fourmillent de phrases dérangeantes.

Nos amies les poules vivent dans des camps de concentration. Ces camps regroupent des prisonnières qui ne voient ni le jour ni la nuit. Des hommes en blouse blanche et casquette circulent de temps en temps dans la pénombre avec des lampes frontales pour ramasser les malheureuses qui meurent quotidiennement de chagrin. A la fin de la deuxième année les pondeuses bourrées de cholestérol à force de mangeailles étranges et d'immobilité, sont enfermées dans des camions pour une diète de quelques jours dans une station d'élimination des antibiotiques puis conduites aux abattoirs spécialisés. Les plumes servent à des fabrications d'engrais naturels, les entrailles déssèchées passent dans des croquettes pour chats, les os deviennent des feuilles de gélatine pour la patisserie et avec les chairs dégraissées à chaud des fabricants de protéïnes pour sportifs livrent de la poudre blanche qui fait gonfler les pectoraux. Le gras résiduel est mélangé à de l'huile de palme et de la poudre d'oeuf dans les barres chocolatées dopées au magnésium que prennent les ados en période d'examens... les becs et les griffes sont réutilisés dans la fabrication des ongles de poupées de luxe. Rien n'est perdu sauf l'honneur, comme il se doit chez les charognards... Ces poules n'étaient que des poules, elles étaient nées dans une couveuse artificielle, leur mère fut une ampoule électrique et elles ne surent du monde que ce qu'en distribue l'EDF, plus leur 100 cm2 de grille galvanisée... Elles n'eurent jamais rien d'autre à faire que de tendre le bec pour se rassasier de granules grises et de poser leur croupion pour se débarrasser d'un oeuf... Ne s'étant jamais retournées faute de place, aucune d'entre elles ne pourrait vous dire la couleur de ses oeufs... Les hommes à casquette en actionnant des leviers faisaient varier les arrivées de granules en fonction des commandes : les oeufs blancs vont au nord de l'Europe et les foncés restent en France, les jaunes changent aussi en fonction des granules et dans certains camps de concentration on en fait de douze sortes différentes... La Nature n'a pas fini de nous surprendre et notre amour des animaux déborde.

     
poules en batterie. photo michel ducruetpoules en batterie.
Pondeuses en batterie. Ducruet.©. 1995.
     
 
     
     
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