LA REALITE : LE MALHEUR MONTE EN GRAINES
     
     
     
poire d'angoisse.................................................vieille poire
Pauvres poires. Ducruet©
     
Ceux qui suivirent le Festival de Cannes en 2004 se souviendront longtemps d'une certaine conférence de presse. Une chose est sûre, ne parlez de belles images à personne ou votre compte est bon, vous êtes la poubelle cultivée d'un humanisme abject. L'artiste véritable, lui, ne pense et ne vit qu'avec son temps. Il faut choisir entre le "Cidre de Corneille" et "l'Andromec" de Racine... On sort une photo de pouffiasse réjouie sur un soldat irakien ligoté et nu : nous y sommes, ça c'est de l'image, le reste on n'en a rien à foutre...c'est ça qui est fort... En écho on nous confie qu'on a pu dire ce qu'on voulait dire et que dans ce Jury tout le monde a dit ce qu'il voulait dire... En face, compte tenu des antécédents scolaires des professionnels de l'information, on tendait les micros d'un air pénétré. Personne ne s'est levé pour se plaindre et dire qu'il ne suffit pas d'avoir des noix pour faire casser des noix aux crocodiles...
     
scène de torture
Poires soumises à la torture. Ducruet©

Il est bien entendu que tous les fils de putes sont des enfants de salauds. Il n'y a pas de quoi s'alarmer. Il n'y a même pas besoin de faire du cinéma pour le savoir et encore moins pour le dire. Le personnage le plus intéressant dans un film de Michael Moore c'est le gros à casquette. D'abord il remue sans arrêt, ensuite il n'a pas froid aux yeux et c'est un homme dont on ne peut pas imaginer qu'il soit fils de méchants, alors que ses interlocuteurs sont plutôt louches, pas frais ou pédalent dans une choucroute soigneusement garnie... C'est le coup du brave type qui se jette en pâture aux vilains pour qu'ils parlent un peu trop ou trop fort... Comme les vilains sont presque aussi bavards que les gentils, vous pouvez comprendre, si vous êtes d'origine modeste à quel point les pauvres et les humbles sont cocus. Vous le saviez déjà parce que votre grand mère tenait de son grand père qu'il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et sans le sou... sagesse des nations... On suppose que pas mal d'indiens font encore la différence entre le Grand Esprit et le Grand Marché... Ceci dit, j'apprécie le travail de Moore parce qu'il vous montre les hommes avec les yeux d'une pucelle qui verrait le loup pour la première fois. On dit que l'amour donne de l'esprit aux filles... Sa manière qui consiste à nous faire porter la casquette , vous oblige, si vous êtes de bonne foi, à rester du côté de ce vieux frère qui vous fait un rempart de son corps... Voilà de la lutte qui ne dit pas son nom, de l'agit-prop en finesse. C'est en prenant l'air du dinosaure que ce fils d'ouvrier agite le chiffon rouge...

Si dans les films de Michael Moore les bons de la classe moyenne s'efforcent de peler les fesses des inconscients ou des pourris de l'autre bord, on comprend vite que qu'il n'en sortira rien de sanglant et que le spectacle n'est pas une corrida : les bêtes ne sont ni domptées ni passées au fil de l'épée... Si vous voulez en savoir davantage sur l'exercice de la vie et de la mort, allez plutôt aux arènes qu'au cinéma...

     
scène de torture
Poires pelées et découpées. Ducruet©

Est-ce qu'ailleurs on joue gros jeu? Ne vous occupez pas de ce qu'on dit, faites attention aux détails. On n'a pas fini d'en finir avec un certain vingtième siècle.

On en ramasse les éclats de verre et de miroirs laissés par les dadas, les bolcheviks, les nazis intelligents, les futuristes, les dames-pipi de chez Duchamp, tout ce que la petite bourgeoisie instruite ou autodidacte a produit de revanchards... de combats contre l'humanisme, pour l'homme nouveau, le passé rasable, l'avenir définitif, le reich de mille ans ou la société sans classes... Les victimes du passé n'aiment guère celui des autres, ces raisins sont trop vieux et bons pour des goujats... on n'a guère le choix... se taper sans amour les filles bien élevées, pas forcément sans remords... La haine de sa naissance, le besoin désespéré d'un moi habitable sont les fusées d'une créativité à échappements libres. L'affaire commence dans les yeux des autres, quand on se les paye en les forçant à siffler de l'huile de ricin ... apologie des images inconstruites, directes, obscènes... grimaces , dégueulis sur celles qui se font une beauté... On pourrait croire qu'un film sur le malheur (guerres,crises,pathologies variées...) soit plus efficace avec les images en prose des médias dopés au crack... On pourrait croire qu'en mettant le nez dans le caca, les hommes perdront l'amour du pot de chambre... Hélas pour les metteurs en scène et les producteurs de morale, la réalité n'est pas ce qu'ils disent... C'est pour faire plaisir à maman que les fils arrêtent de se remplir les culottes...donc il est à peu près certain que les ignominies, les éventrés, les brûlés, les violés, les écrasés, drogués, flingués, chassés, dépecés, tordus, jetés, salis, noircis, plumés, trompés, baisés, vendus, et autres produits d'exportation, ne sont pas efficaces pour arrêter le massacre de l'homme par sa postérité... On s'habitue à tout... même à survivre... alors vous savez, Sodome ou n'importe quoi dans un fauteuil ne démange pas longtemps... Le divin Marquis, instruit par des abbés, savait soigner le décor, les costumes et l'écriture, les curieux en bandent encore... Des images hyperdirectes n'existent que pour l'instant du choc, les revendeurs de stupéfiants, un gros pourcentage d'allergiques à l'imagination... Tout le monde peut mettre dans une marmite de quoi faire un pot-au-feu, braiser du Bach et du Mozart pour cuire du Hard, râcler de la pellicule, poivrer à mort, mettre le gaz à fond et servir en flammes à des gosiers sans cervelle... Le cuistot s'il a du bagoût saura trouver les mots pour épater le jeune cadre, servir dans des assiettes dépareillées et saoûler son client avant qu'il passe à la caisse. L'ennui avec ces camions c'est qu'ils croient faire le ménage quand ils font des huit sur le temps des cerises... Quand ils cassent la barraque, ils sont enclins à piquer un cendrier ou une pendule et capables de flinguer le premier qui y touche. Le désespérant du genre humain ce ne sont pas les désespérés de l'Homme, c'est l'acharnement à mettre de l'ordre là où il ne peut pas y en avoir... C'est la rage de survivre en tirant plus vite que l'ombre de la mort... comme si les massacrés de la race, de la culture, du fric et du sexe n'avaient qu'un seul désir, celui d'aller se faire voir au cinéma... Les classes moyennes ne risquent pas grand chose et gagnent gros dans les salles obscures : des somnifères, des laxatifs et des neuroleptiques. Voilà pour les contes de fées... et la dure loi du pistolet.

     
pourriture sociale
Classes moyennes en érection. Ducruet©
     
     
     
     
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