Roland BARTHES a donné ce titre à un petit livre que j'ai gardé longtemps près de moi. Je m'étais aperçu que les portraits de tragédiennes ou d'acteurs drapés dans la toge ne disent rien des personnages qu'ils jouent. On n'a pas d'images de la Tragédie. C'est peut-être que nous sommes là dans un univers qui ne met en mouvement que de l'espace et de la force . La musique des alexandrins tient lieu de corps et l'exact usage des mots porte le poids du destin. Dans ces palais réduits à une antichambre les personnages passent , se mesurent et s'avouent à coeur. Quand ils arrivent là, ils sont débarassés de tout sauf d'eux-mêmes et une partie infernale peut commencer. Ils roulent sur le tapis et se cognent comme les dés qu'une main fatale a jetés. Il ne reste à ces malheureux que le pouvoir grandiose et dérisoire de dire quels chemins prennent les douleurs reçues et données.

Cette astronomie de la condition humaine, débarassée des couleurs de la morale et des poses de la philosophie me fascine. Barthes donne une formule de chaque personnage. Je m'y suis posté. Il m'a semblé que je pouvais passer de cette formule à une image. Pas un portrait : je dis bien une image. Qu'on me pardonne les aléas de l'expérience.

Roland BARTHES gave this tittle to a small book I had for a long time. I noticed that tragic actress or actors portraits looking like in toga don't speak about the true characters they play. We don't have some accurate image of the tragedy. Because we are perhaps in an universe existing only by space and force. The music of the alexandrines is a substitute of bodies and the exact use of words brings the weight of the destiny. In these palaces, reduced to an anteroom, the characters go, confront themselves and had some heart to heart. When they arrive here, they are clear of anything except themselves and an infernal game can start. They roll on the carpet and knock themselves like dice throwed by a fatal hand. These unlucky people get only the pathetic and imposing power of saying what are the ways of the gotten and given sorrows.

This astronomy of the human being, relieved of the ethic and philosophic poses, fascinates me. BARTHES gives some personnal equation for each character. I stay to try pictures.