Ces deux photographies exposent deux axes fondamentaux de l'existence. Les peintures sont communes aux différentes parties de l'île. Seuls les hommes en portent. Les femmes, elles, ne sont ornées que des variations tressées dans leurs chevelures ou l'ensemble de leur système pileux. Il existe plusieurs dizaines de signes figurés par ces tresses ; certains correspondent à des nombres, d'autres à des situations familiales ou à des aventures, d'autres enfin disent clairement ce qu'elles désirent.

A gauche. Les points blancs sont ceux du chasseur. Les chasseurs de B... n'utilisent ni filet ni arme de jet. Ils se contentent de pister leur gibier, de le poursuivre en chantant doucement des mélodies transmises de père en fils. Ils poursuivent ce gibier en le dérangeant sans arrêt, l'épuisent finalement, le saisissent à mains nues quand il n'offre plus de résistance. IL existe sur cette île, outre un grand fourmilier, deux espèces de quadrupèdes : une sorte de biche tridactyle qui vit en altitude et des porcs sauvages qui abondent sur les sols humides et marécageux. Ces porcs sont recouverts de soies bouclées. Les deux espèces portent des taches blanches.

A droite. Les rayures noires et blanches caractérisent le pêcheur. C'est vers l'âge de treize ans que lors d'une cérémonie où sont invités les parents même les plus éloignés, que les jeunes garçons sont marqués à vie comme chasseurs ou pêcheurs par un trio des femmes les plus âgées . Cette classification est irrévocable. Elle oblige le jeune homme à épouser la fille d'un homme de même catégorie. Adulte, l'enfant deviendra un "Homme-Esprit". La pêche dans l'île de B... se pratique exclusivement sur les côtes. On ne tend pas de filet, on ne navigue pas. c'est une pêche silencieuse pratiquée avec des lignes de fond à 12 ou 24 hameçons, lestées d'une pierre, lancées dès le matin, relevées le soir. Les hameçons sont des épines travaillées à chaud.