EN ATTENDANT LE MESSIE .... | ||
Ducruet.©.2011.
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Ce n'est pas aux morts qu'il faut souhaiter "Bonne chance!" comme il est écrit sur les momies et les portraits du Fayoum... Les morts n'ont plus de souci à se faire, ils campent dans des lieux tranquilles ou reposent avec les lombrics, les coquilles saint-jacques et le petit trèfle. Ils adorent la solitude, ne s'occupent ni des affaires des autres ni même de leurs propres oignons. Rien n'est plus tranquille qu'un mort, plus respectable... Il suffit de mourir pour s'entendre dire du bien de soi, de venir au monde pour que les médisances précèdent les vacheries et les croc-en-jambes. Cela fait naître des vocations de voleur, de curé, de conquistador ou de philosophe... Les métiers honnêtes ne suffisant pas, des hommes et des femmes de grande sensibilité s'organisent un destin grandiose dans le meurtre, la politique ou la religion... Parfois les trois en même temps, ce qui donne des prophètes musclés, des fils de Dieu, des filles d'Henri VIII ou des petits Adolf qui croisent les bras pour une photo de classe... Mais de tous les humains d'exception, les plus intéressants jouent de la flûte comme Mozart ou du pinceau comme Van Gogh. Ils ont avec la mort des relations joueuses, fabriquent des anges avec des fragments de vies, se glissent dans les courants d'air et les reflets, se logent dans les nerfs, donnent à entendre et à voir de l'autre côté des miroirs, mettent le monde à l'envers et font oublier que la Terre tourne dans un seul sens, que nous allons tous dans la même direction et que la seule chose sérieuse à laquelle nous avons affaire est l'axe des pôles où se cramponnent toutes les idées, tous les destins et tous les plaisirs. Nous y pendons comme tout ce qui pend sur Terre, le plus sage étant de ne s'y tenir qu'à une main, l'autre servant d'abat-jour. |
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Ducruet.©.2011.
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