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Nous sommes cernés par le jour et la nuit. C'est à peu près tout ce qu'il
faut comprendre pour commencer à voir clair. Le reste est fait de conventions,
de circonstances et d'époques. Nous ne tenons qu'à un fil entre
les doigts des Parques. Les bêtes, de leur côté sont aux aguets. Nous
avons fermé les yeux sur notre fragilité : nous avons inventé des histoires
à dormir debout : que nous fûmes chassés du Paradis parce que nous voulions
tout savoir ... que cet appétit féroce de connaissance nous aurait
procuré la mort, les sueurs et les larmes... En fait on ne meurt pas,
on s'écarte pour faire une place à la vie, comme un fauteuil à
une vieille dame. Nous allons tous dans le même sens. Nos songes alimentent
notre énergie. Quand nous regardons la mer, la fin du monde ne barre pas
l'horizon, mais s'ouvre sur des voyages et des rêves...
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Derrière nous s'entassent les ennuis de nos veilles, la somme de nos habitudes
et les outils du Bonheur... Ces montagnes de déchets font la joie des archéologues
et abritent des vampires, donnent aux puissants du grain à moudre et finissent
par empoisonner la Terre. Notre multiplication devrait nous épouvanter,
car 10 milliards que nous serons ne différeront guère de la poignée que
nous sommes pour déclarer les guerres. Leurs appétits suivront nos
pentes. Nos cinq sens ne nous appprennent plus grand chose, nous sommes
tenus par la magie des chiffres et notre centre de gravité se met du côté
où nous sommes les plus lourds, ... Cette pesanteur statistique nous ficelle
comme des rôtis... la voix des médias en quelque sorte, malchance aux yeux
d'or, flatteuse des apparences et semblable aux scarabées qui font des pelotes
avec la merde. La fuite, pour certains, est une corde, une bouteille de
gaz ou une balle dans la tête... Solutions dénuées de grâces,
comme les mathématiques des débutants. Mieux vaut l'exil interminable,
la contemplation gratuite et infinie de nos alentours, minuscules ou majuscules,
des ondulations des vents, du frémissement des feuilles, des bousculades
de nuages ... Se mettre dans les livres, les tableaux, prêter l'oreille
aux chants d'oiseaux, lever le nez sur les parfums ... Le monde se dévoile
aux rêveurs... les autres roulent à tombeau ouvert... |
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