DIVINITES ET PARADIS... |
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...Que faire de l'eau qui passe sous les ponts? Contre l'ennui, la cruauté, les foufounes-parties, le chocolat, les petits et moyens excès qui nous ancrent au port de nos habitudes, nous sommes sans armes. Le fils d'un charpentier et d'une mère toujours vierge, tourna en rond pendant trois ans autour d'un centre du monde, la Jérusalem des poisses et des vastes blagues, pour prouver qu'un peu de foi ressuscite les morts, change l'eau en vin et multiplie les poissons... La vilenie ne s'accommode guère des miracles et tout fils de Dieu doit se méfier des hommes... On se lava les mains de son sort, des juifs irascibles le plantèrent entre deux voleurs , l'ayant cloué vivant sur des bouts de bois... Son crime avait été de pardonner aux putes et de recommander l'amour du prochain aux enfants de Caïn... L'amour ne fut donc pas recommandable sur la Terre Promise, pays du lait et du miel au temps de Moïse, et foire d'empoigne au temps du Mossad et du Hezbollah... Mais quand on s'écarte de ce nid de guêpes, on ne retrouve pas le sommeil du juste. Les planches de Deauville ont résonné de tous les pas distingués de la Terre, des chiens déguisés en gigolos y ont goûté du caviar et pissé sur des roues de Bugatti. Ce qui reste de demi-monde et de citrons pressés s'y donne rendez-vous devant des fruits de mer... D'autres torturés du désir se baignent dans les vitrines ou jouent de l'organe sous les draps de bonnes maisons. Quelques brioches, serviettes blanches et sucriers d'argent ne renseignent pas sur le Paradis. Les liftings restent nécessaires et la pompe à fric est indispensable. Pas de quoi grimper au septième ciel, sauf perversion consistant à prendre les gens de peu pour des moins que rien et les bulles de champagne pour des ballons d'oxygène... |
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....Goûter aux joies simples, n'est pas une sinécure. La Nature est fruste pour les peaux fragiles. Il faut lui donner un air consommable, comme on passe de la vieille vache au rôti de boeuf et de la cirrhose des canards aux délices du foie gras... Nous avons mis des millions d'années pour inventer la fourchette, or peu de gloutons savent se tenir, porter aux lèvres leurs ailes de pigeon et leurs petits pois sans mettre les coudes sur la nappe, parler la bouche pleine ni piquer du nez dans le plat... C'est pourquoi les bords de mer ressemblent à des assiettes sales. Nous aimons nos bazars, il nous faut des tonnes d'accessoires pour nos distractions car le soleil, le vent et l'immensité ne suffisent pas à nos plaisirs. Les primates supérieurs aiment voir que ce monde leur appartient et qu'ils en font leur affaire... Leur vraie passion n'est pas celle de la vie, mais celle de la chance, du pouvoir et de la propriété, celle de l'éternité sur les genoux des dieux... Un harem et un trésor rendent joyeux les pirates, bonheurs plus intéressants que l'au-delà des saints quand ils n'ont plus les pieds sur terre et voient de très haut les larmes des crocodiles ... Ne crachons pas pour autant sur les bons sentiments : nous sommes contre l'esclavage, les races supérieures et les riches, mais avouons notre arnaque planétaire, nos dévorations de n'importe quoi et n'importe qui, avouons que nous trimons comme des enragés pour faire rendre gorge au dernier tas de sable. A peine nés du ruisseau, nous retournons aux flaques pour y décrocher la Lune ...Les mers ont depuis 50 ans perdu 40% de leur plancton végétal . Les forêts sont rasées, les campagnes et les eaux infestées de molécules stérilisantes et cancérigènes, les coraux disparaissent, les requins finissent dans les soupières, à l'infini sont écrabouillées les beautés et balancées les ordures... Il se pourrait que nous soyions la dernière génération qui meurt... Plus exactement la dernière à ne pas crever... |