Qu'est-ce qu'un bon zèbre ? Un salaud de zèbre ? Un tigre sympathique ? Un lion intelligent ? Les bêtes vivent aux aguets à 99%, le reste est la porte ouverte à de fatales distractions dont elles meurent, issues d'une hormone, de l'âge ou d'une bactérie ... Les singes savants savent que le septième jour Dieu se reposa de son chef-d'oeuvre : les fameux primates supérieurs, père et mère de Caïn, l'assassin de son frère... Depuis ce temps-là, on s'échine à comprendre, on s'entretue pour y voir clair... Sont-ils bons ou misérables? Perfectibles ou fous à lier? Ils ne sont guère au courant d'eux-mêmes, en recherche continue de sociétés à naître, imaginaires, utopiques ou merdiques. Car de l'Etat ou de l'Anarchie il faut choisir. Le Jardin d'Eden, hortus quadratus, prison dorée entretenue par un vieillard incommode et jaloux qui en chassa des créatures trop curieuses, était une merveille ou rien ne manquait aux obéissants. Mais les primates supérieurs, gourmands des fruits de la connaissance durent payer le prix de la curiosité et du libre-arbitre, jetés à terre, mortels pour toujours, rassasiés d'emmerdements, condamnés aux galères de l'enfantement et du travail. Leur cervelle écartelée du cortex au bulbe, entre des rêves d'anges et des visions de requins, les emmena au bout du monde pour y construire l'Etat, sorte d'Eden du demi-con, chargé d'exterminer les serpents charmeurs qui sifflent des airs de Liberté. Les tyrans c'est bien connu, tuent les diables, liquident les "résistants" au bonheur, en fait prennent leur pied dans le spectacle des petits qui résistent à l'ordre "juste" installé par de grands malins. L'Homme, insupportable et pêcheur depuis Adam, traînerait donc de sales penchants pour le Mal , c'est à dire la "Désobéissance" que certains appellent de son vrai nom : la Liberté . Quelques optimistes invétérés s'imaginent que cette liberté sert à choisir le Bien et l'Amour universel plutôt qu'à se gargariser de plaisirs ignobles....Ils disent que personne n'est coupable d'être Homme, que les instincts sadiques, les pulsions assassines, le crime, le vol, la cruauté sont des renvois d'ascenseur vers les misères sociales, la puanteur des taudis et les horreurs physiques...Le désir de Bonté serait le fond de l'affaire, le goût du progrès social ancré dans les têtes, la passion du mieux supérieure à toutes les autres...

Nous sommes au fond coincés entre l'Etat et l'Individu, nous rêvons de valeurs immuables et nous faisons des lois nouvelles tous les jours... Nous ne savons même plus ce que sont le Bien et le Mal. Qui a vu un officier SS faire descendre un piano sur une place de village, donner un récital Schubert avant de commander la pendaison d'une fille de dix-sept ans, sait que L'Art ne peut rien pour le Bien. Le Paradis ou l'Enfer sont traversables , sans plus... Que vous sauviez une hirondelle ou un terroriste, votre désintéressement apparent vous honore mais ne change rien aux circonstances et à ce que votre psy pourrait vous apprendre... Les juges et les avocats savent que le mal est dans vos carcasses, que de bons garçons lâchés avec des fusils à lunettes dans la banlieue de Sarajevo faisaient des cartons pour faire des cartons, Allah, Jésus, les généraux et la télé y étant pour que dalle... Bambins qui arrachiez les ailes des mouches, faisiez pleuvoir du plastique fondu sur les fourmis, vous n'avez aucune raison de croire au Diable, donc de prendre la Démocratie pour ce qu'elle n'est pas : une protection efficace contre le Mal, une garantie à vie pour le Bien.

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