La Bonté de l'homme est une de ces flatteries dont il faudra se passer, des philosophes en mal de reconnaissance nous ont payé en monnaie de singe... La Nature de son côté n'est que ce que nous sommes capables de voir et de comprendre autour de nous. Autant dire beaucoup et presque rien. Elle n'est personne, elle est tout, elle a l'air de s'organiser... Nous tirons parti de quelques lois que nous avons découvertes en première instance, mais rien ne nous permet de dire que nous sommes plus durables que les fourmis et plus aimés que les porcs. Nos perceptions du temps et de l'espace sont préhistoriques, nos vérités nous tombent souvent des mains, nous perdons nos forces en conflits de préséances et jeux d'argent... Nos planches à billets nous sont plus douces que les fleurs et notre mesure du monde est affaire de gros sous... Nous n'avons que des chiffres pour donner de l'apparence à nos rêves... Nos désirs sont mimétiques, nos vies portent l'uniforme... Notre diversité s'en va.... C'est pourquoi nos musées sont immenses et nos efforts de mémoire deviennent encombrants... Nous avons depuis longtemps pris l'habitude des massacres, raz-de-marée et disparitions d'espèces. Nous vivons dans nos ruines et nous nous apprêtons à vivre dans celles du monde vivant. Ce que nous appelons notre environnement témoigne partout de nos inconséquences. Cent ans sont une éternité. Nous préférons les violons des profits aux explosifs du savoir. Nos mauvaises habitudes pèsent plus lourd que nos cervelles, il est probable que nous irons à la fin d'un monde comme au spectacle, insouciants de nos pestes, ravis d'avoir posé nos fesses et cherchant à voir où se trouvent les caméras...

Il y aura des survivants. Seront-ils brillants ou lamentables, nous n'en savons rien, comme nous ignorons ce que nous avons maudit pour savoir faire un feu... construire des temples et toutes sortes de métaphores... Pourtant nos démences ne sont pas fatales, nos illusions finissent par nous faire rire... Ce n'est pas la "Bonté" qui sauve, c'est l'humour. Il en faudra pour survivre avec nos bêtes empaillées, notre ciel vert et notre jardin noir.