..............................Une nation peut se défaire, ses élites se disperser, ses forces vives traîner dans le caniveau, sa jeunesse perdre la santé, sa mémoire défaillir... On approche là de ce qui s'appelle une guerre civile : thérapie de choc ou commencement de la fin... Dans tous les cas une génération qui n'a plus rien à perdre se jette contre elle-même pour se venger de ses insuffisances ou de son chagrin. Cela ne veut pas dire qu'elle soit plus généreuse que les précédentes ni plus compétente. Cela veut simplement dire qu'elle se venge.

..............................On dirait qu'en France, il se prépare quelque chose de féroce. Les évènements ridicules s'enchaînent... L'élection de Chirac, la répudiation de Jospin, le référendum à front renversé sur l'Europe, la "découverte" des deux mille milliards de dettes, la croisière du Clémenceau, les cinquante mille bagnoles en flammes de 2005, le procès d'outreau, l'affaire du C.P.E, j'en passe et des meilleures... Pas de semaines sans une goutte d'eau qui fasse déborder le vase républicain... Comment sortir de la quadrature du cercle qui consiste à maintenir les avantages de la consommation de masse, la protection sociale et le droit du travail des trente glorieuses quand on a claqué ses héritages, qu'on se tape 2.500.000 chômeurs, 10.000.000 de pauvres, des minorités chauffées à blanc par les sirènes de l'identitaire, les persécutions capitalistes, les manoeuvres extérieures? Qu'on est en rude concurrence avec le reste du monde, qu'on partage de mauvais coeur le pain et le sel avec ses vingt-quatre voisins de l'Union Européenne? Personne ne veut porter le chapeau... Comment les amnésiques devront-ils se rappeler que les droites et les gauches ont signé la mort de l'Etat-providence en enterrant le système monétaire international dès 1973, en acceptant l'utopie néo-libérale, en sacrifiant les revenus du travail aux revenus des actionnaires? Magnifique "Crise du pétrole" qui vient dans les années 75-85 accélérer les débandades... Quand on ne peut plus faire de politique on enseigne la morale et le temps passe... L'émigration des cerveaux, l'immigration des sans papiers, les quatre vingt pour cent de réussite au Bac, la montée de l'illétrisme... La Bourse qui monte, la Banlieue qui démonte... La stabilité du chômage, l'instabilité des ministres... Hervé gaymard, champion olympique des déménageurs.

Les générations se suivent dans le désordre. Les liens sont rompus. La mémoire collective reflue dans les fantasmes. C'est la télé qui est la vraie grand-mère des moins de quarante ans... On dirait même que les moins de vingt ans s'élèvent entre eux... De quels désirs ceux-là sont-ils sortis, qu'on laisse avec portables, cigarettes, oreillettes, shit et cinq cent mots de vocabulaires entre les mains de pédagogues faciles ?... Quels ogres pour quels orphelins? Quels fumiers s'accommodent d'un hexagone qui se contente de 6000 euros par an et par étudiant? Quels crétins refusent l'idée du moindre obstacle pour accéder à des universités gratuites?... Réclament toutes les perles pour tous les pourceaux?...Quels salopards poussent des trains d'irresponsables dans le camp de concentration des petites annonces , dévalorisent les métiers et les artisanats? Quels faisans de l'idéologie s'imaginent qu'un peuple se plaît dans la perversités du laisser faire et du laisser passer, dans les bondieuseries de la citoyenneté sans ennemi ni tabac, dans l'injustice des partages et l'agonie des mémoires?... A moins que leurs plus chers désirs soient l'extinction des feux, le sommeil éternel et une rose rouge pour les chiens... Y aura-t-il des intrépides pour mettre les compteurs à zéro, là où nos activités et nos consommations n'accélèrent ni la mort de l'environnement ni la nôtre?... Des fous plus heureux dans les jardins que sur les trottoirs?...