........................."Où-suis-je ? "un kamikaze rescapé dans un hôpital croit ouvrir les yeux sur le Paradis d'Allah... Un chat blessé se traîne, parcourt des yeux le soleil, les nuages et un pan de mur, puis rentre pour son dernier sommeil... Quand il s'offre ou se retire, le monde attire les yeux sur des merveilles qui ne coûtent rien. Que sont devenues les tonnes de poivre et de cannelle qui remontaient le Grand Canal? Les cargaisons d'or et d'argent entrées à Séville ? Restent les voyages de messire Polo, le défilement des paysages et des villes... Les eldorados cachés, les montreurs d'ours sur des bateaux à roues partis pour l'Argentine et la Californie... L'or, le sucre, l'ivoire, les épices et le bois d'ébène commués en trésors d'urbanisme où touristent des romantiques de la dernière chance, des couples avisés, des escadrons de voyeurs sans curiosité, d'admirateurs indifférents, de nombrils sans tête... Tels se donnent les paysages des agences de voyage, qui sont les reliefs des acharnements passés de l'homme. Venise plus morte que vive, Versailles en Hurepoix, la Trouée Héroïque, les villages des Hopis, la Vallée des rois, le Val de Loire et les quais de Bordeaux...

Mais il ne manque pas de coeurs pour s'éprendre d'un petit Liré , désaimer la Ville Eternelle, se baigner dans le Lignon sans penser au Tibre... La Sainte Victoire devient ainsi plus fameuse que l'Olympe et les dindons de Monet l'emportent sur les tigres du Bengale... Un bout de ciel en prison vaut-il moins d'honneurs que les plafonds de la Grande Pyramide vus d'un sarcophage? Quelles que soient les barrières, elles doivent obéissance aux nuages . Le vent balaie les plaines et siffle l'éternelle indifférence des choses. Il chante aussi les aventures du pire et du meilleur, et cette chanson ne nous fait pas rire car nous nous sommes épuisés en courant de l'un à l'autre ...