A VRAI DIRE ... |
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Ducruet.
©2005. Masques Coréens. |
.............La "réalité" n'est pas facile à dire. Personne n'est d'accord. On se bat et il y en a qui gagnent. Puis ils perdent, disparaissent ou se métamorphosent pour gagner une fois encore avant de perdre à nouveau. Apparitions, disparitions: les idées, les empires, les dieux vont et viennent là où des hommes ont les pieds sur terre. C'est le grand jeu du réel, il se combine à la foire d'empoigne du sexe et de la table, donne des perspectives aux nouveaux venus et des excuses aux défunts. Se mélangent en vrac les micros évènements de la vie et les ondulations de l'Histoire, les affaires privées et les destins collectifs, les baisers volés et les affaires d'état. Voir juste est un privilège éphémère. Les paradoxes sont de ce monde : il est fort possible que des fanatiques sauvent la planète sans le savoir en niant la théorie de l'évolution comme il peut arriver que les gens les plus raisonnables nous mènent en enfer. Le réel qui dure longtemps se limite à peu de choses, nous sommes mortels et le temps passe vite... Nous sommes prisonniers de nos sensations. Ce que nous appelons nos bons souvenirs se résume en général à quelques épisodes pendant lesquels nous ne pensions à rien tellement nous étions quelque part avec quelqu'un... les sensations de l'amour et de l'amitié, celles du sport ou du combat, les quelques siestes merveilleuses que nous avons eues, les quelques réveils en pleine forme dont nous avons profité, voilà nos trésors ... Un voyage tient dans une image, une certitude dans un sourire, une foi dans un courant d'air... Nos convictions de la nuit changent au petit matin et avec l'araignée du soir... Puisque les mêmes verres sont à moitié pleins et à moitié vides, on peut dire la même chose de nos cervelles, mais qu'importe le calice pourvu qu'on ait l'ivresse.... Puisque les paysans du Danube valent les grands seigneurs, ne nous moquons pas des vieilles astuces qui servaient à l'anesthésie des douleurs, ne rions pas du bois dont étaient faits nos pères et des histoires qu'ils se racontaient. Il y a autant de réalité dans une parabole ou un conte de fée que dans les 100 mesures d'un candidat à la présidence et autant de poussière dans une culotte de star que sur un curé de plâtre... |
Ducruet.
©2006. Sacristie. |
.............Est-ce une raison de prendre les choses à la légère? Il paraît que vingt pour cent des abeilles tournent en rond autour des ruches, ne butinent pas , vivent en parasites pendant que les autres se démènent avec les fleurs... mais il semble que leurs divagations soient essentielles à la survie de l'espèce : ce sont elles qui démasquent les intrus, battent le rappel en cas de danger, sauvent la colonie de son excès de zèle et de sa myopie... Quels sont les pieds que nous mettons sur terre et où les mettons-nous? Soyons heureux d'aller et venir sans savoir: nos aventures continuent, nous sommes aussi mortels que possible et aussi incapables qu'autrefois de tenir l'océan dans nos mains... A dire vrai, nous avons besoin d'autres sornettes pour nous rendre la vie supportable. Celle qui consistait à nous aimer les uns les autres, est usée jusquà la corde... On dirait qu'en dépit des apparences, les hommes ont envie d'être seuls et plus près des bêtes que de Dieu... |
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Ducruet.
©2004. Effets de la lucidité. 24x19cm.huiles /bois. |