A DEMAIN SANS FAUTE ....... | ||
Ducruet.©.
2007. Petit matin. |
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Les mâles et les femelles de l'Homme rêvent de lendemains qui chantent. Les chansons donnent du coeur à l'ouvrage. Il en faut pour se conduire comme des bêtes : construire son nid, faire son trou, donner le jour à ses semblables, remplir trois fois par jour des estomacs surmontés de têtes fragiles... Chacun sa merde, disent les rustres et pensent les grands de ce monde... Cette morale clôt des histoires innombrables et nous rappelle que les hommes sont plus souvent des tuyaux que des inspirés. Mais si les désenchantés ont de bonnes raisons, ils n'ont pas bonne vue... L'ennui naquit au coeur et dès qu'ils eurent trois sous de jugeotte les hommes se firent du bien en variant les positions de l'amour, s'aperçevant que des yeux bleus aux yeux noirs l'épilepsie n'est pas la même, que les soupirs ressemblent à des chants d'oiseaux et que des mains fines valent mieux que de grosses pattes... Les puissants ne s'embarrassent pas des mêmes rondeurs toutes les nuits que Dieu fait. Ils affectionnent les surprises et la remise en question des habitudes... Les stimuli invitent au voyage et les désirs les plus chauds ne nous appartiennent pas... L'aventure humaine, passé le Big-Bang des hormones, consiste à faire du neuf avec du vieux. Nos carcasses modernes durent trois fois plus que nos aïeux, notre santé se prolonge au-delà de ce qui fut raisonnable à l'époque des contes de fées. Nos yeux et nos oreilles n'ont pas changé mais nous avons des espions au ciel et des pinces à décortiquer les atomes... A vrai dire nous ne sommes plus vierges de quoi que ce soit et nous n'avons plus besoins de dieux et de démons pour faire nos apprentissages. Notre avenir n'est qu'entre nos mains. Les guerres, pestes et empoignades du passé ne furent que broutilles. Nous sommes enfin au pied du mur. C'est le moment de compter nos amis et de nous serrer les coudes : nous avons allumé trop de feux sur la Terre, elle se réchauffe inconsidérément, personne n'est en mesure de dire ce qui se passera... Nous sommes partis pour deux ou trois siècles de transpirations et d'angoisses. Le dernier rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) confirme et accentue ceux de 1990,1995,et 2001 : l'effet de serre est bien lancé. Co2, méthane, oxyde d'azote, ozone, cfc, hfc, pfc, vapeurs d'eau font de plus en plus vite leur travail de rétention des chaleurs. 6°C de température moyenne en plus pour 2100 veut dire que d'ici 20 ans nous aurons éteint le quart des mammifères, le sixième des oiseaux, 25% des reptiles, 20% des amphibiens, le tiers des poissons d'eau douce... Avec de la chance nous irons de surprise en surprise et nos nerfs risquent de prendre de vilains coups, quand les canicules et les virus prendront rendez-vous dans des villes surpeuplées... où l'énergie sera devenue aussi rare et chère que la cocaïne... Pas besoin d'être prophète pour constater que 10 milliards d'hommes au train de vie européen multiplieraient par cinq les émissions de CO2, par dix avec un train de vie américain... Nos carottes risquent de cuire quand nous aurons le dos tourné et nos futures générations ont intérêt à pratiquer des sports d'endurance... Toutes nos activités sont excessives, tous nos désirs nous tuent ... La prudence n'est pas le propre de l'Homme, la sagesse n'est pas son lot. Nous avons tellement dépassé les bornes qu'il faudrait diviser par 10000 nos rejets d'équivalent carbone dans la troposphère, pour stabiliser sur deux siècles les courbes du réchauffement! Il va de soi que les civilisés que nous sommes devraient baisser leurs émissions de CO2 au niveau des citoyens de Madagascar... Autant dire que nous vivons une époque formidable puisqu'enfin nous devons choisir entre rien et tout... ce qui, paraît-il, fut le geste du Créateur. |
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Ducruet.©.
2003. Prélude. |
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