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| SACREES IMAGES... Avec ou sans Prophètes... | ||
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Ce profil de la Vierge risque-t-il de nous éloigner de Dieu ou permet-il de nous en rapprocher? Cette idole pourrait-elle faire des miracles, nous obtenir la santé? Mérite-t-elle qu'on la prie à genoux de sauver la paix ou d'amener la pluie? Le sacré n'est pas dans les images, il s'y met de l'extérieur quand le coeur nous en dit. Cette copie de matrone romaine insérée dans des plis de toge est une astucieuse création de la "bondieuserie" du dix-neuvième siècle. Les modèles originaux pourraient être quelques portraits sortis d'un sarcophage ou d'un autel sculpté de la Rome impériale... Voire quelque divinité antique rhabillée pour la circonstance.... Mais le modèle fut si loin des hommes ordinaires et l'espace de l'Empire si universel que sa majesté passe comme une fleur du Capitole au Golgotha. Il n'y a pas loin de la majesté au sacré... Astucieuse capture du culte impérial par l'ordre ecclésiastique... Les vierges néo-classiques manquent passablement de grâce faute de Pygmalion... Mais la patine des intempéries rend leur douleur plausible au pied d'une croix et leur manteau bleu semble venir du ciel... | |
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Au coin d'un bois, au carrefour, celui qui fut "Roi des Juifs" et dérisoire, triomphe comme acteur, montré comme à l'heure de sa mort et trois jours avant sa résurrection... Car les prophètes l'ayant annoncé, il ne voulut pour rien au monde fuir le sort des hommes et choisit la fin des esclaves que l'on châtie. Son supplice fut semblable à celui de Spartacus et de ses amis crucifiés que l'on avait enduits de poix et incendiés sur la via Appia. Ce spectacle, plus insistant et répété que tout autre, porte sur ses épaules la douleur des hommes et les en décharge sur les chemins innombrables de la liberté. C'est le plus accompli des spectacles, le plus fini, le plus historique : une fois pour toutes, ce Bouc-émissaire a encaissé la fureur des enfants de Caïn ... L'image délivrant un curieux message de sang et signifiant le droit chemin aux aventuriers... | |
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Au coin d'une rue, la déesse du marketing prend l'air. Cette idole de plastique pigmentée suggère qu'au Paradis les peaux sont plus éclatantes que dans les salles de bain, les cheveux très blonds, les joues très roses, les sourcils très dessinés, les yeux perdus dans les méandres de l'amour et les lèvres refaites toutes les secondes.... Cette Beauté, introuvable dans les cours de philosophie, campe une géographie des désirs dont la légende consiste en quelques accessoires ... La cliente idéale, débarrassée de ses petites et moyennes imperfections, libérée de corps et d'esprit, prend la pose de ses gènes au meilleur de leur forme... Infiniment montrable et regardable, prête aux irruptions et caresses des yeux, logée dans la niche de son horoscope... Telles sont les images païennes des marchands du Temple... | |
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Sur une planche, très loin d'Afrique, une créature semble perdue. Les dents inquiétantes, les yeux cernés par les cauchemars et les hallucinogènes, coiffée de cornes telle une antilope, saurons-nous jamais s'il s'agit d'un ancêtre ou d'un esprit? Une espèce de vitalité maladive transpire de ce visage taillé. Le nez et les pommettes ont de l'énergie sous le front... On n'imagine pas de phrases au sortir de ces lèvres minces... Fut-il acteur ou témoin d'étranges cérémonies?.... Chargé de missions sorcières, d'ordres inavouables, de guérison miraculeuse, de guider un voyage ou de calmer des génies?...Disponible comme au jour de sa naissance ou l'épave d'un pillage télécommandé ? Des chamans s'occupent encore de l'humanité... Assoiffés d'images et de petites fumées, plus amis de l'homme, plus amis des bêtes et de la rotation du monde sur lui-même... que tant de pontifes et d' ayatollahs... | |
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Les faux prophètes sont innombrables. C'est parce que le métier de prophète fut à la mode après le déluge. La politique ne rassasiant personne, des voix se mêlèrent au vent pour dire aux hommes que le présent est une poubelle et qu'en serrant les dents ils verront le soleil se lever de tous les côtés à la fois... Moyennant quelques rigueurs supplémentaires, les prophètes de malheur sont aussi généreux que les autres... Ils nous promettent la fin du monde, ce qui manque pour le moins d'originalité. Certains voudraient nous conduire en file indienne jusqu'aux portes du paradis... Tous débordent des meilleures intentions, ce qui ne devrait rassurer personne quand on sait de quels pavés sont ornées les rues de l'enfer. | |
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Les anciens de Grèce et de Rome excellaient dans les images... Ils en usèrent pour faire descendre de l'Olympe ces immortels qui ne dédaignaient pas de se croiser à l'espèce des hommes. L'Occident très tôt se rapprocha des dieux, les tripotant dans la pierre, le métal ou l'argile... On claqua des millions de sesterces pour des tableaux de chevalet à l'encaustique soigneusement gardés dans les pinacothèques ou les palais impériaux. Tant de préservation et trop d'apparences finirent par encombrer, ce qu'on voyait partout perdit ses forces et le pouvoir des idoles dut reculer devant celui des mots: " aimez-vous les uns les autres ..." Les chrétiens venus du bas de l'échelle, ne furent pas insensibles au prestige des temples et des statues, gardèrent des éléments de décor afin de concilier les paroles du Christ et l'héritage de César... Cette porte ouverte sur l'indépendance de l'Etat, gardien des lois et des frontières, dure depuis vingt siècles avec des hauts et des bas. A Byzance l'empire avait la voix de Dieu. A Canossa l'empereur des germains vint couvert de cendres baiser la mule du pape. A Paris Napoléon fit ce qu'il voulut. Dans nos cimetières de campagne traînent sans arc ni flèche des angelots qui furent des cupidons voltigeurs autour de Vénus... Sur la tombe des enfants de l'amour... | |
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