DU PAYSAGE ... (3) | ||
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Ducruet.©.
1996-2008. Rouen. (76).
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Dans les villes ce sont les hommes qui poussent et qui portent des fruits. Les climats changent avec les siècles et les populations ne sont plus les mêmes. Les bruits, les odeurs, les couleurs... on ne peut rien comparer entre ce qui fut et ce qui est. Les villes anciennes étaient petites, encombrées de couvent et d'églises, entrelacées de ruelles à l'ombre où passaient les ordures, les gens et les bêtes, propices aux épidémies, aux incendies et aux émotions populaires. On y pendait pour le vol d'un pain, on y brûlait des sorcières, on y mourrait de faim pendant les sièges. On y travaillait sans machines et sans lumière. Les mendiants et les pauvres foisonnaient. Portant l'épée, taillant les plumes, s'y bagarraient des écoliers et des moines, parfois s'y livraient les poètes aux chansons et aux filles... craignant la mort. |
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Et meure Paris ou Helaine, Quiconques meurt, meurt a douleur Telle qu'il perd vent et alaine; Son fiel se crève sur son cuer, Puis sue, Dieu scet quelle sueur! Et n'est de qui de ses maux l'alege : Car enfant n'a , frere ne seur, Qui lors voulsit estre son plege. (VILLON) |
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Nos villes sont différentes, sans ânes, sans chevaux, jamais obscures. Elles marchent au nucléaire et au gazole. On y sent à peine le vent et la pluie, presque tout le monde s'y parfume et les estropiés y sont rares. Les places servent aux voitures, on voit peu d'enfants et les porcs ne traînent pas dans les caniveaux. Ce sont des lieux de bonheur sur les trottoirs et on y rêve tous les jours de vies longues et de santés robustes. Nos vieux n'ont presque plus de cannes et nos excréments sont invisibles. Nos femmes sont fines et souples comme des roseaux. On ne pend plus personne depuis longtemps et qui veut oublier ses peines n'a besoin ni de plume ni d'épée, suffit une carte à puce. | ||
Ducruet.©.
2003. /2008.
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