LES FOURMIS PRES DE CHEZ SOI ... | ||
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Ducruet.©.2008.
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Les fourmis sont très occupées, les paysages ne les intéressent pas. Les bêtes font ce qu'elles ont à faire sans se poser de question. On fait son nid, on creuse son trou , on repère, on prend le nécessaire. Le nécessaire consiste en provisions et savoirs qui rendent la génération possible et le continuum de la vie. Les hommes n'ont pas inventé la sagesse, ils se sont contentés de l'emprunter. Ainsi les athéniens qui frappaient des chouettes sur leurs pièces d'argent. Pendant des millénaires les paysages n'avaient rien d'autre à dire et signifier qu'un remboursement prudent de la dette. Qui faisait reculer la forêt, laissait aux fleurs des prés le pouvoir d'enchanter les abeilles... Qui faisait d'un auroch un boeuf blanc, honorait Cérès, déesse de l'agriculture et enfin qui taillait la vigne au bon moment, honorait Bacchus et participait aux cortèges de satyres... On aurait pu croire que satisfaits des saisons, des courbures de leur femme et de l'horizon, les hommes laisseraient le ciel s'occuper de l'Avenir et la terre du Présent. Mais une étincelle de trop est une étincelle de trop. Les enfants de Prométhée ne pouvaient que s'ennuyer d'un éternel retour. Furieux sous le nombril et très agités sous le crâne, ils voulaient voir de près comment tromper la Mort, vivre en plus grand nombre de plus nombreuses années... Quelque part en Occident les fous et les génies s'accordèrent un temps pour violer les usages, manger plus, travailler plus, tuer plus et tirer tous les jus de toutes les plantes, dévorer toutes les viandes et toutes les chairs, brûler tous les bois et pomper toutes les sources ... En extase de profits et de veaux d'or, pourris de Bibles et de textes sacrés, pervers comme avant le déluge, les prophètes du Bonheur et autres pirates ont oeuvré de sexes et d'industries au point d'encombrer le globe et de faire puer l'atmosphère... Qui ne rêve, pour garder ce monde en l'état de grâce, de balayer force milliards de gros culs ?... D'exterminer qui se permet d'avoir le droit de tout dévorer et de chier partout, aux saints noms du Dollar, de L'Euro, d'Allah, de Jéovah et de la Trinité... Car trop de fesses pas de fesses et trop d'hommes pas d'hommes... Avouez que si vous étiez tortue, requin, baleine ou coléoptère, vous auriez d'étranges désirs... Que le massacre et la disparition de tous les singes sans poils de la Terre serait la moindre des catastrophes... Qu'ayant perdu toute identité, les hommes ne valent que leur poids de fumier... qu'il suffirait d'en garder quelques centaines dans un parc pour remercier Dieu et se souvenir du temps où les bêtes parlaient... |
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Ducruet.©.2008.
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