art
Phobique (2)
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...........La douleur n'est pas de naître. Elle commence quand s'abat la "vie normale", qu'il faut rendre à César ce qui lui appartient... Les timides d'autrefois sont les phobiques sociaux d'aujourdh'ui, avec plus ou moins d'intensité. Ce fut presque une vertu, c'est devenu un handicap. La société de spectacle est obscène, les malheureux qui rougissent d'être là, quittent leurs fauteuils et des voisins aux yeux exorbités, se font repérer par les ouvreuses. La direction les aiguille alors chez des professionnels de santé...Les cris dans la salle, les gestes de révolte sont au contraire les bienvenus, particulièrement quand on reste à sa place. Ca met de l'ambiance, on ne se rend plus compte du temps qui passe. Mais les silencieux, ceux qui arivent à fermer les yeux pour s'offrir d'autres images et des heures d'autonomie, sont la bête noire des organisateurs de la vie en masses. La police des moeurs au XXIème siècle traque les timides et les réfractaires à la pornographie. | |
Affaire Mickey. huile/toile/2003 © | |
La société s'explique sans arrêt à elle-même, pas une matinée où elle ne se retourne pour examiner ses excréments, analyser ses urines , faire ses bilans sanguins, ses échographies, ses scanners, ses radios, ses repérages de marqueurs spécifiques...Elle y passe les trois quarts de la journée pour qu'enfin, à l'heure du prime time, commence le grand déballage des résultats et soit donnée l'autorisation de dormir. Mais il faut envers et contre tout, que personne ne fasse de mauvais rêves et que la nuit soit très reposante car le lendemain, les citoyens égaux doivent oublier la veille... | |
Les artistes en bonne santé font partie de ces malades nouveaux qui ne courent pas dans la cour de récréation et jouent aux billes dans leur coin en inventant les règles et sans un mot. Ce que les spectateurs-otages ne savent pas encore, mais qu'ils pressentent, c'est qu'ils ont une envie furieuse d'être primitifs, de vider leurs crânes du trop-plein de salades et de phrases en boucle, de retrouver l'usage de leurs membres. Ils sauront vite, ils savent déjà que notre société n'en est plus une, la machine est devenue folle, tournoyante sur elle-même, imperméable, implosive, stérile, peureuse, osseuse, ridée, contemplative de ses étrons. Ce qu'ils veulent avoir dans la tête, c'est un monde où l'homme ne sera plus grand chose, enfin débarrassé de son nombril, un monde non maîtrisé. Un monde à recommencer indéfiniment avec les moyens du bord. | |
Photo
Ducruet.©. |
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