Ducruet.2008.©
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Ducruet.2003-2004.©
| L'AVENIR DES CAILLOUX... ou les statues moins raides que les cadavres. | ||
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Ducruet.2008.©
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| Nous mourrons plus vite que les statues. Combien de vieilles chenues, de poudres d'os et de métacarpes traînent dans les allées et les fosses des cimetières ? Un savant disait que chaque français marche sans le savoir sur un milliard de cadavres, y plante des fleurs, y cultive son jardin, construit sa maison... Les amours naissent sur un lit de cendres et les dames du temps jadis se laissent bêcher et retourner par des rustres en quête de salades... A l'Opéra les calèches ne sont plus de ce monde, les chevaux de Paris ont quitté La Villette en morceaux de viande. Les palefreniers, ramasseurs de crottin, cochers, valets se sont envolés devant des panzers. Les marquis, les généraux et les douairières peinent à jouir sous des croix penchées... Les bons mots, les éclats, les parures, sont ringards comme les roulements des R qui frrr...émissaient dans les alexand...rrrins... "Monstrres afffrrreux, monstrrres rrredoutables..." Telles sont les Règles du Jeu dans une partie de chasse où les lapins furent plus humains que les condamnés à vivre... Mais ce soir là j'ai levé la tête sur la droite de l'escalier. Je suis resté sous la "Danse" du sieur Carpeaux, que je connaissais à peine... Le groupe est en granite, une roche peu convenable aux épidermes et plus résistante aux pluies acides que les calcaires à grain fin. Les plans de détail sont étonnamment larges, les formes plus près du swing que de la valse. Les bacchantes sont un peu folles qui ne seront jamais cannibales, mais quand même déchaînées dans une sarabande sportive. Je viens d'apprendre que c'est une copie de 1963 taillée par Belmondo sous l'oeil de Malraux... quand il choisit Chagall plutôt que Masson. L'original est au Musée d'Orsay. Ce n'est pas une sculpture bourgeoise ou pâtissière, la pierre se déplace et les corps laissent voir d'autres parties que celles d'un sujet, chauffés de l'intérieur, habités quand même, si peu littéraires, loin du discours.... Je me suis dit que cette tête en arrière tire trois tonnes de granit en prenant du plaisir... Que sur les dernières mesures d'Offenbach et cinquante ans avant Freud, on faisait parfois peu de cas du péché originel, alors que dans nos jardins et nos vitrines tout ce qui nous ressemble se promène sur les tombeaux ou nous montre les chairs tristes à pleurer. Le Grand Pan est mort, nous laissant la forêt des ventres de stars... | ||
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