CUEILLIR DES NOISETTES ... | ||
Ducruet.2008.©.
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L'automne arrive. J'ai des noisettes à cueillir et des pommes. La table de la porte d'entrée est encombrée de légumes. Il n'y a pas deux années qui se ressemblent et de septembre à septembre le monde se refait en oubliant des détails et en inventant quelque chose. Le savoir-vivre est une science mystérieuse qui s'accommode des intempéries, des nouveaux venus et des vieilles habitudes pour donner son contingent de chairs et de formes. Les hommes font de même et la beauté de la veille s'efface le lendemain. Il arrive que des printemps ensoleillés , des étés sans guerres produisent en fin de saison graines de jouvence et foules de beaux esprits... Que la langue soit rieuse avec la grammaire et nourrissante à l'heure des repas ... Que les fenêtres ne couinent pas sur leurs gongs ni les portes, que les jambes chaussent des pieds légers dans les escarpins et que se balancent les bergères sous les peupliers de Watteau. Il y a tant à souffrir quand on décide de vivre et de prolonger les jours qu'il faut se moquer des grimaces, des nuages et des saints du calendrier. Les cigales meurent à la lumière et les fourmis sous les pierres. Les hommes se refilent la Mort comme une patate chaude et vont ainsi d'étonnement en stupéfaction, pressés de laisser aux autres le soin de faire le ménage. Pourtant lorsque l'esprit prend le dessus sur la cervelle, la séduction sur l'obscénité, la conversation sur les ronflements, le rire sur les malheurs obligés, on a quelques chances de voir tous les arcs-en-ciel du monde et de danser sur le ventre des poisses. Il n'y aura pas de fourches, de guillotines et de philosophes nécessaires à la vertu puisque suffiront le courage et l'éclat des yeux. | ||
Ducruet.2008.©.
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