LECONS DES TENEBRES / Variations Couperin / entrée en matière.../Test des moyens | ||
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.....................Un tableau qui "se tient" le doit à des quantités de facteurs, techniques et personnels. Le choix du fond est important, parce que les fonds traversent les couches colorées et renvoient plus ou moins de lumière vers l'extérieur. Les mediums de la peinture la freinent ou l'accélèrent. Compte tenu de ce qui m'intéresse, j'ai choisi un fond blanc, des couches minces, un liant résiné. La répartition des formes est aussi une lumière quand elle annonce une répartition des contrastes plus ou moins dopés ou amortis. Les formes, jusque dans les détails, reprennent ou repoussent la culture savante qu'on en a. Le mélange des sensations intimes et des connaissances générales éclaire le tableau quelque part entre le classicisme pur et la totale naïveté, cet éclairage a par ailleurs le physique des oppositions de couleur et de valeur. La circulation du regard se fait par des accidents provoqués qui s'appellent les uns les autres en concert. Ces pôles de rupture ou de collision font avancer le plan pictural à une certaine vitesse, avec un certain élan, une tenue particulière qui ressemble à la garde en bouche des saveurs remarquables... La finesse et l'opportunité des contrastes, on dira des passages, font "tenir" la peinture comme les silences avec la musique. Les yeux dans cette affaire laissent à l'esprit le moyen de quitter sa boîte... ..................Les images du haut ne sont pas fidèles, juste indicatives. Il ne s'agit pas de copier le croquis mais de passer d'un dessin furtif à un pan de mur, avec tout ce que cela représente comme abandons et acquisitions. L'émotion change. Sur le papier peu de discipline, coups de main rapides... les gestes rendent la vie facile aux sentiments. C'est un art qui pourrait très bien en rester là. Le mur, lui, ne supporte ni les confidences ni les petits pas, il parle en architecte et concentre tant de brutalité, qu'il faut des masses de calculs et de ruses pour qu'il s'allège, pour que les granites ou le béton se vaporisent dans l'idéal d'un plan. Ce travail est sévère. On peut se raconter une histoire en cours de route mais elle s'efface quand il faut poser les couleurs à leur place, comme on poserait des bras et des jambes destinés à vivre ensemble... Ce corps en train de naître, aussi furtif qu'un rêve et aussi solide qu'une statue, attend que d'autres gestes et d'autres regards s'en occupent... Que l'esprit s'y infiltre en suivant des connexions invisibles. La coexistence programmée des contraires, leurs concessions mutuelles, la part du hasard ou celle du risque, l'obsession d'un autre désordre du monde, l'envie d'être aimé, la haine de l'indécrottable baiser de la mort, les inconnues préférées aux frères, la subversion du présent... Tout cela sert à passer le temps, les dents serrées, un sourire aux lèvres.... |
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