LECONS DES TENEBRES / Variations Couperin / entrée en matière.../Test des moyens | ||
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étapes.
Avril 2005.
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La progression se fait en tournant autour du motif principal. Les tons se modifient en se déplaçant mais les contrastes auxquels ils sont soumis doivent reprendre l'idée générale, passer du local à l'ensemble et s'inscrire naturellement là et ailleurs comme les fragments d'un spectacle dont on ne connaît pas encore le terme. Donc, à mesure que le travail avance il doit rester un porte-à faux, un vide, un non-sens suffisant pour que la conclusion soit un achèvement et non charge. Il faudra bien finir : ce n'est pas une affaire de sujet plus ou moins bien exposé, c'est une question d'espace, c'est à dire de respiration ... Comme s'il s'agissait de souder les organes d'un corps pour qu'ils s'habituent les uns aux autres et qu'ils aspirent à l'intrusion d'un être... Car passer de la musique à la peinture, ou plutôt d'une sensation reçue de la musique à une sensation construite par la peinture est une opération folle, une alchimie personnelle et aventureuse... je ne vois pas trop le moyen d'en détailler le processus, les choses étant à peine définies, les décisions prises au centième de seconde... L'astuce qui consiste à prendre des clichés en route n'est guère plus éclairante qu'un menu de restaurant sans repas. Les photos de tableaux sont bourrées de faux témoignages. Le rendu des couleurs est toujours inexact. Or elles sont ici posées à plat et bord à bord. Pas question de jouer de la brosse ou de la truelle pour accidenter la surface et donner l'illusion d'un ensemble fusionnel. Le plan n'est pas un tricotage impressioniste qui pourrait supporter un réchauffement ou un refroidissement général, une sorte de crépi sur un mur inégal. Les compositions de Seurat préfiguraient le découpage à venir dans Matisse et donc une autre architecture de la couleur, de plus en plus massive et nécessairement pénétrable. Le plan pictural non épidermique: en somme un plan mouvementé, comme celui d'une hélice à plein régime ou la zone de passage à l'attraction magnétique d'une plaque aimantée... les Primitifs ne se gênaient guère dans ces parties de saute-mouton visuel qui permettent d'échapper à la pesanteur, mieux encore de s'en amuser pour le plaisir de peindre qui est "cosa mentale" et non tactile... Il n'est plus question, non plus, de raconter ses misères ou d'exhiber celles des catégories souffrantes, des minorités exploitées ou des espèces en voie de disparition. L'obscénité des bonnes causes ne vaut pas mieux que celle des mauvaises. Le meilleur de l'homme n'est pas dans la morale, ni peut-être dans la compassion, ni même dans l'amour... Car il y a peu de la morale à la tyrannie, de la compassion au sadisme, de l'amour à la mort...je le sens là où nous avons la force de prolonger l'enfance, de voir et de faire du merveilleux dans des greniers, des ruines et des terrains vagues... |
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