| Photo : M. Ducruet. |
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| C'est
entre
la poire et le fromage que les gens bien élevés défont
leur cravate, que les notaires parlent de l'avenir et que les politiciens
font de l'humour. Les poires, elles, s'accommodent sans faire d'histoires
des bouteilles qui traînent sur les tables. |
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| Il
est vrai que les notaires et les politiciens ont pour les poires quelque
chose qui ressemble à de la tendresse quand les banquets arrivent
au dessert. Ce n'est pas qu'ils les aiment particulièrement, car
ils avouent en privé qu'ils ne savent pas quoi faire des petits.
Que dans le fond ils ne savent jamais qui des poires ou des grands de ce
monde a le dessus. " Elles ont l'air de nous croire, elles disent rarement
non, elles paient ce qu'on leur demande, mais après trente ans de
ce manège nous nous aperçevons que nous sommes vieux et qu'elles
n'ont pas changé, qu'elles continuent de faire ce qui leur plaît,
qu'elles rigolent dès que nous avons le dos tourné et que
notre vie n'est pas plus drôle aujourd'hui qu'hier. Monsieur je vous
le dis en douce, c'est le secret du pouvoir, nous ne gouvernons pas, nous
perdons nos illusions et nous mourons de chagrin. Le peuple nous installe
pour se payer nos têtes et n'en faire qu'à la sienne. Il nous
couronne avant de nous immoler. Il n'obéit qu à Dieu et au
Diable." |
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| ..................Les
meilleures poires sont apparues dans le jardin des curés ou le
verger des princes. L'Eglise et la Couronne unies pour l'amour de Dieu
et le salut des hommes, sans illusions sur la bonté naturelle des
uns et des autres, sans le secours des philosophes, ont civilisé
les marécages et les forêts. Mille ans de sueurs, d'épidémies,
de jalousies féroces, de gloires et de chances. Nous marchons sur
trois milliards de cadavres et nous y plantons nos arbres.
Un jour on s'aperçut que nos poires étaient si bonnes qu'il
ne leur manquait plus que la parole. Louis XVI en eut le souffle coupé.
Les moines et les curés s'épouvantèrent. C'est pourquoi
la République finance une armée de philosophes : il faut
que la Raison se propage dans les chaumières. Les bonnes poires
sont bonnes filles, elles supportent sans broncher des traitements innombrables.
Elles s'installent dans les grandes surfaces, regardent passer les charriots
de leurs admirateurs. L' aventure ne fait que commencer : on parle dans
le secret des laboratoires d'un échange de gènes entre les
hommes
et
les poires... |
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