"L'homme-qui-a-voyagé."

Que signifie le voyage dans un si petit territoire? Peu de chose apparemment puisque seuls vont et viennent les "nobles" entre le nord et le sud. On dirait que faute de larges espaces, les indigènes remplacent les distances physiques par des espaces culturels ou symboliques. Les voyages sont surtout des avancées de l'esprit.

L'espèce de "barbe-jésuite" est d'autant plus inattendue que les hommes de cette population sont imberbes. Les rayures tracées dans la peinture sont peut-être assimilées à des cicatrices, souvenirs ou évocations de combats. Là encore le mental l'emporte sur le corporel ."Les rides sont les portes de l'âme" : expression plusieurs fois relevées par M.D. au cours d'un repas de cérémonie.

"L'homme-qui-a-voyagé" est synonyme du père : le mot "père" est absent dans les deux langues parlées sur B....il n'existe que dans le dialecte que parlent les nobles entre eux et toujours sous la forme de périphrases : "Celui-que-l'on-porte", "Le-maître-des-mots" , "Le- constructeur-de-lits". Le linge autour du cou est une indication d'âge. On le porte au-delà de la quarantième année, on l'enlève pendant le sommeil ou en cas de grave maladie quand le sujet, examiné par des femmes âgées, est considéré comme perdu.